Une scène de panique s’est déroulée ce mercredi à Baalbeck, ville millénaire de l’est du Liban abritant de majestueux temples romains classés au patrimoine mondial de l’Unesco. Selon des sources sur place, les habitants ont fui en masse après un appel pressant de l’armée israélienne à évacuer la zone.
Un ordre d’évacuation sans précédent
C’est une première depuis le début des bombardements aériens israéliens au Liban le 23 septembre dernier. L’armée d’Israël a sommé les résidents de Baalbeck et des localités voisines de quitter immédiatement leurs habitations, invoquant de futures opérations militaires visant des installations du Hezbollah, mouvement islamiste pro-iranien implanté dans la région.
Le porte-parole de l’armée israélienne, Avichay Adraee, a relayé cet ordre d’évacuation sur le réseau social X (ex-Twitter), accompagné d’une carte indiquant les routes d’exfiltration :
Pour votre sécurité et celle de votre famille, vous devez évacuer immédiatement vos habitations et vous déplacer hors de la ville et des villages.
– Avichay Adraee, porte-parole de l’armée israélienne
La ville se vide dans la précipitation
Dès l’annonce, la Défense civile a sillonné Baalbeck, appelant par haut-parleurs les habitants à partir au plus vite. Les lieux de culte, mosquées comme églises, ont relayé le même message. Pris de court, les résidents ont quitté leurs foyers précipitamment, entassant matelas et affaires dans leurs voitures, sans savoir où aller. En quelques heures à peine, la cité antique s’est vidée, laissant derrière elle des rues désertes.
Une région meurtrie par les frappes israéliennes
Cette évacuation intervient deux jours seulement après une série de raids dévastateurs d’Israël dans l’est du Liban. Selon un bilan du ministère libanais de la Santé, au moins 60 personnes ont péri lundi dans ces bombardements qui ont visé 12 localités autour de Baalbeck et dans la plaine de la Békaa, bastions traditionnels du Hezbollah.
Depuis la reprise des hostilités le 23 septembre, les frappes israéliennes ont fait plus de 1 750 morts côté libanais d’après un décompte de l’AFP basé sur les chiffres officiels. Un lourd tribut qui vient s’ajouter aux blessures de la guerre civile qui a déchiré le pays du Cèdre de 1975 à 1990.
Baalbeck, joyau du patrimoine pris dans la tourmente
Au cœur de ce nouveau cycle de violences, Baalbeck et ses trésors archéologiques se retrouvent une nouvelle fois pris en étau. Haut-lieu touristique du Liban, le site exceptionnel témoigne de la grandeur passée des empires romain, grec et phénicien qui s’y sont succédé.
Mais derrière les imposantes colonnes du temple de Bacchus et les vestiges de la cité antique d’Héliopolis, la ville porte aussi les stigmates de décennies de conflits. Fief du Hezbollah depuis les années 1980, Baalbeck a régulièrement été la cible de bombardements israéliens par le passé.
Une évacuation sur fond de fortes tensions
Cet exode précipité des habitants survient dans un contexte de vives tensions entre le Liban et Israël. Les deux pays sont techniquement en état de guerre depuis la création de l’État hébreu en 1948. Malgré un cessez-le-feu en vigueur depuis 2006, la situation reste très volatile le long de la frontière, avec des escarmouches sporadiques.
L’appel à évacuer Baalbeck fait craindre une escalade significative du conflit. Des sources sécuritaires libanaises citées par l’AFP redoutent une vaste opération terrestre israélienne dans la région pour tenter de déloger le Hezbollah. Contactée, l’armée israélienne n’a pas souhaité commenter ces spéculations.
Face à ces développements alarmants, la communauté internationale a appelé les deux parties à la retenue. L’ONU a exhorté Israël et le Liban à tout faire pour éviter une nouvelle guerre aux conséquences potentiellement dévastatrices. Mais sur le terrain, la fuite des habitants de Baalbeck augure d’une aggravation périlleuse de la situation. Le Liban retient son souffle.