L’Espagne est sous le choc après les inondations dévastatrices qui ont frappé le sud-est du pays mardi. Un phénomène météorologique d’une rare intensité qui a fait au moins 62 morts selon un bilan provisoire, et totalement dévasté plusieurs communes. Mais pourquoi une telle brutalité ?
La “goutte froide”, un phénomène dévastateur
À l’origine de ce drame, un phénomène bien connu des météorologues : la goutte froide. Il s’agit d’une dépression isolée en haute altitude qui provoque des pluies soudaines et extrêmement violentes, parfois pendant plusieurs jours. Un cocktail météo particulièrement explosif lorsqu’il survient après un été caniculaire comme celui qu’a connu l’Espagne cette année.
En effet, la température de la mer Méditerranée a atteint des records cet été, dépassant les 31,8°C dans les Baléares. Cette chaleur exceptionnelle a favorisé une évaporation intense, chargeant l’atmosphère en humidité. Lorsque la goutte froide est arrivée, toute cette vapeur d’eau s’est condensée brutalement, déclenchant des pluies diluviennes.
Une géographie propice aux catastrophes
Mais la météo n’explique pas tout. La géographie de la région touchée a aussi joué un rôle majeur dans l’ampleur de la catastrophe. Comme l’explique Esther Crauser-Delbourg, économiste de l’eau interrogée par TF1 :
C’est une zone montagneuse. L’eau ruisselle en bas des montagnes, et la pluie reste coincée dans la zone. Cela concentre les précipitations.
Les reliefs escarpés ont donc agi comme un entonnoir, canalisant des torrents d’eau destructeurs vers les vallées où se concentrent les populations. Un piège mortel dont il était difficile de s’échapper.
Bétonisation et sécheresse, des facteurs aggravants
L’urbanisation massive du littoral espagnol ces dernières décennies a aussi eu un impact dévastateur. En recouvrant les sols de béton, on les a privés de leur capacité naturelle à absorber l’eau. Un phénomène qu’Esther Crauser-Delbourg compare à “enlever des paratonnerres au cours d’un orage”.
De plus, la région avait été frappée cet été par une sécheresse historique. Les sols asséchés, durcis par la chaleur, ont agi comme une croûte imperméable. Au lieu de s’infiltrer, l’eau a ruisselé violemment en surface, emportant tout sur son passage.
La conjonction de ces différents facteurs – goutte froide, orages stationnaires, reliefs, bétonisation et sécheresse – explique le caractère exceptionnel et la brutalité de ces inondations. Un phénomène amené à se reproduire avec le réchauffement climatique, alertent les experts.
Un bilan humain très lourd
Au-delà des dégâts matériels considérables, ce sont surtout les pertes humaines qui suscitent une immense émotion en Espagne. Au moins 62 personnes ont perdu la vie selon un bilan encore provisoire. Un chiffre malheureusement amené à s’alourdir au fil des recherches.
Dans les zones les plus touchées, les secours font face à des scènes de désolation. Des maisons éventrées, des voitures emportées, des routes et des ponts coupés. Un paysage de fin du monde où il faut maintenant chercher d’éventuels survivants.
Le gouvernement espagnol a décrété trois jours de deuil national et débloqué des aides d’urgence pour les sinistrés. Mais pour des milliers de familles endeuillées ou sinistrées, le chemin de la reconstruction sera long et douloureux. L’Espagne est meurtrie, choquée par la brutalité de ces inondations qui resteront dans les mémoires comme les plus dévastatrices de son histoire récente.