Un vent de fronde souffle entre Bruxelles et Pékin. Au cœur des tensions : les voitures électriques chinoises. L’Union européenne vient en effet d’imposer des surtaxes douanières allant jusqu’à 35% sur ces véhicules, en plus des 10% de taxe déjà en vigueur. Une mesure coup de poing destinée à contrer ce que l’UE considère comme une concurrence déloyale de la part des constructeurs chinois. Mais de l’autre côté de la planète, on crie au protectionnisme.
La Chine n’a pas tardé à riposter en saisissant l’Organisation mondiale du commerce. Selon une source proche du ministère chinois du Commerce, le pays compte bien “sauvegarder avec fermeté les droits et intérêts légitimes des entreprises chinoises”. Une escalade dans ce bras de fer commercial semble inévitable, à moins qu’une solution à l’amiable ne soit trouvée rapidement.
L’Allemagne en première ligne
Ce conflit tombe au plus mal pour l’Allemagne, dont le fleuron de l’industrie automobile traverse une zone de turbulences sans précédent. Déjà fragilisés par la crise chez Volkswagen, qui prévoit des dizaines de milliers de suppressions d’emplois, les constructeurs allemands redoutent les répercussions d’une guerre commerciale entre l’Europe et son principal partenaire économique.
Olaf Scholz, le chancelier allemand, a donc exhorté Bruxelles et Pékin à revenir à la table des négociations. L’objectif : trouver un terrain d’entente pour éviter une surenchère de sanctions qui mettrait un peu plus en péril les géants allemands de l’automobile, à commencer par Volkswagen, BMW et Mercedes. Le porte-parole du gouvernement, Steffen Hebestreit, a rappelé qu’une augmentation des droits de douane “entraînera naturellement une réponse du côté chinois”.
Volkswagen au bord du gouffre ?
Le groupe Volkswagen cristallise toutes les inquiétudes. Plombé par la fermeture annoncée de trois usines en Allemagne et par une baisse drastique de ses ventes en Chine, son bénéfice net a dégringolé de près de 64% par rapport à l’année dernière. Des chiffres alarmants qui font craindre le pire pour la suite, surtout si les relations commerciales continuent de se dégrader entre l’UE et la Chine, premier marché du géant de Wolfsburg.
Vers un apaisement des tensions ?
Malgré la saisine de l’OMC, une lueur d’espoir subsiste. Bruxelles et Pékin se sont en effet engagés à poursuivre les consultations pour tenter de résoudre ce différend à l’amiable. Les surtaxes européennes, prévues pour durer 5 ans, pourraient ainsi être levées si un accord était trouvé sur d’autres moyens de compenser le préjudice identifié par l’UE.
Mais le chemin vers l’apaisement s’annonce semé d’embûches. Chacun campe pour l’instant sur ses positions, dans un contexte géopolitique de plus en plus tendu. L’avenir des relations économiques entre les deux puissances, et celui de l’industrie automobile allemande, reste donc plus que jamais suspendu aux prochains développements de cette crise.
L’augmentation des droits de douanes entraînera naturellement une réponse du côté chinois. Et de tels conflits commerciaux ne sont pas une chose à laquelle nous devrions aspirer.
Steffen Hebestreit, porte-parole du gouvernement allemand