À seulement 6 jours d’une élection présidentielle américaine sous haute tension, une polémique vient électriser un peu plus la campagne. Joe Biden, l’actuel locataire de la Maison Blanche, se retrouve accusé par son rival Donald Trump et les républicains d’avoir qualifié les partisans de l’ex-président d'”ordures” lors d’une intervention. Des propos qui font l’effet d’une bombe en cette dernière ligne droite.
Biden dérape verbalement, Trump saisit l’occasion
C’est lors d’un échange vidéo avec l’organisation progressiste Voto Latino que le président démocrate aurait prononcé cette insulte, en réagissant aux commentaires jugés racistes d’un humoriste à l’encontre de Porto Rico lors d’un meeting de Donald Trump à New York.
L’autre jour, lors d’un rassemblement, un orateur a qualifié Porto Rico d'”île flottante d’ordures”. Les seules ordures que je vois flotter autour d’ici, ce sont ses partisans, sa diabolisation des Latinos est inadmissible et anti-américaine.
– Joe Biden, lors d’un appel vidéo avec Voto Latino
Des propos immédiatement exploités par le camp Trump, qui y voit la preuve du “mépris” de Biden et des démocrates pour le peuple américain. Une aubaine pour galvaniser leur base.
- Karoline Leavitt, porte-parole de Trump, dénonce “une attaque honteuse visant des dizaines de millions d’Américains”
- Donald Trump estime que “c’est terrible de dire quelque chose comme ça”
- Son colistier J.D. Vance qualifie les propos de Biden de “répugnants”
Biden clarifie, mais le mal est fait
Face au tollé, Joe Biden, qui n’est officiellement plus candidat, a tenté de reprendre le contrôle. Il assure avoir utilisé le mot “ordures” pour dénoncer la “rhétorique haineuse” de l’intervenant au meeting de Trump, et non ses supporters. Mais dans le feu d’une campagne impitoyable, chaque mot compte.
Le président a parlé de “supporter’s” et non de “supporters”, semblant appuyer sa version des faits.
– La Maison Blanche, dans un script de l’intervention
Une polémique qui ravive le spectre de 2016
Pour de nombreux observateurs, cet épisode rappelle un dérapage similaire d’Hillary Clinton en 2016. Candidate face à Trump, elle avait qualifié une partie de ses supporters de “basket of deplorables” (“panier de pitoyables”). Une phrase devenue un étendard revanchard pour les pro-Trump, symbole du mépris des élites.
C’était un tournant dans la campagne. Trump avait réussi à retourner l’insulte à son avantage, pour montrer l’arrogance de Clinton. Biden peut craindre le même scenario.
– Une source proche des stratèges démocrates
La Maison Blanche redoute que cette bourde n’occulte son message en cette dernière ligne droite. Surtout que les sondages donnent les deux candidats au coude-à-coude, avec un léger avantage pour Kamala Harris, la vice-présidente et dauphine de Biden.
Trump en profite pour changer de sujet
Pour le camp Trump, c’est l’occasion rêvée de contre-attaquer. Depuis le sulfureux meeting de New York, la campagne du Républicain est sur la défensive. En dénonçant la prétendue insulte de Biden, elle tente de reprendre l’initiative. Quitte à instrumentaliser la colère.
Plus que jamais, cette élection s’annonce comme un référendum pour ou contre Trump et sa politique clivante. Devant ses partisans, le tribun n’hésite pas à traiter les démocrates de tous les noms : “ennemi de l’intérieur”, “communistes”, “vermine”. Joe Biden, malgré lui, vient de descendre dans l’arène.
À 6 jours du scrutin, le vainqueur pourrait bien se jouer sur ces dérapages et polémiques. Républicains comme démocrates savent que le moindre faux pas peut faire basculer une poignée d’électeurs indécis. Et donc le destin de l’Amérique. Biden arrivera-t-il à éteindre l’incendie ? Réponse le 5 novembre.