Alors que l’armée israélienne mène depuis plusieurs semaines une offensive terrestre dans le sud du Liban, des discussions seraient en cours au plus haut niveau pour définir le cadre d’un potentiel accord de trêve avec le Hezbollah. C’est ce qu’a indiqué une source proche du dossier, précisant que ces négociations “vont encore prendre du temps”.
Israël pose ses conditions
Fort de ses succès militaires des dernières semaines, qui auraient permis selon un ministre “d’éliminer toute la direction du Hezbollah” et de détruire plus de 2000 infrastructures du mouvement chiite, Israël se présenterait en position de force à la table des négociations. Parmi les conditions posées par l’État hébreu pour un cessez-le-feu figureraient :
- Le retrait du Hezbollah au nord du fleuve Litani
- Le déploiement de l’armée libanaise le long de la frontière
- Un mécanisme international pour faire appliquer la trêve
- La garantie qu’Israël conservera sa liberté d’action en cas de menace
Une trêve de 60 jours en discussion
Selon des informations non confirmées officiellement, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu aurait discuté mardi soir avec un cercle restreint de responsables de la possibilité d’une trêve de 60 jours, le temps de consolider les gains militaires et de finaliser un accord.
Contacté, le ministère de la Défense n’a pas souhaité commenter ces informations. Mais le ministre de l’Énergie, membre du cabinet de sécurité, a confirmé l’existence de discussions, tout en prévenant qu’un accord prendrait encore du temps.
Washington s’implique dans les négociations
Signe de l’importance des tractations en cours, Washington devrait dépêcher dans les prochains jours en Israël deux émissaires de haut rang : Brett McGurk, le conseiller du président américain pour le Moyen-Orient, et Amos Hochstein, en charge du dossier au Département d’État.
Leur mission sera de rencontrer Benjamin Netanyahu et d’autres responsables israéliens afin de discuter des conditions d’un éventuel cessez-le-feu avec le Hezbollah. L’implication directe des États-Unis montre l’importance de l’enjeu et la volonté de parvenir rapidement à une désescalade.
Une offensive dévastatrice pour le Liban
L’offensive israélienne dans le sud du Liban, qui a mobilisé des milliers de soldats et des centaines de blindés, a eu un impact dévastateur sur la région. Outre le lourd bilan en vies humaines, elle aurait provoqué selon l’ONU le déplacement d’au moins 60 000 personnes, fuyant les combats.
Face à cette catastrophe humanitaire et à l’éventualité d’une escalade incontrôlée, la communauté internationale accentue sa pression sur les belligérants pour parvenir rapidement à un cessez-le-feu. Mais les exigences d’Israël et son avantage militaire pourraient compliquer la donne.
Le Hezbollah pris à revers ?
De son côté, le Hezbollah, qui a ouvert ce front en soutien au Hamas après l’attaque de Gaza en octobre, se retrouve aujourd’hui en mauvaise posture. Affaibli militairement et confronté à la perspective d’un retrait forcé au nord du Litani, le mouvement chiite pourrait n’avoir d’autre choix que d’accepter les conditions d’Israël.
Pour autant, le Hezbollah dispose encore de capacités de nuisance importantes, comme l’a montré sa riposte aux opérations israéliennes. Beaucoup craignent qu’en cas d’échec des négociations, la confrontation puisse repartir de plus belle.
C’est tout l’enjeu des discussions qui s’engagent : trouver les termes d’une trêve qui satisfasse Israël sans pour autant humilier le Hezbollah. Un équilibre délicat à atteindre, mais crucial pour espérer ramener un peu de stabilité dans cette région meurtrie par des décennies de conflits.