C’est une mesure phare qui pourrait faire son grand retour dans les restaurants universitaires à travers toute la France : les repas à 1 euro pour l’ensemble des étudiants. Initialement mis en place durant la crise du Covid-19, ce dispositif pourrait être généralisé si l’on en croit le dernier vote en date de la commission des Finances de l’Assemblée nationale.
Un amendement adopté pour des repas plus accessibles
C’est un amendement déposé par le groupe Écologiste et social qui a été adopté en commission. Il prévoit d’étendre à nouveau les repas à 1 euro, actuellement réservés aux boursiers et étudiants en situation de précarité, à l’ensemble de la population étudiante. Une mesure qui avait déjà été expérimentée pendant quelques mois lors de la reprise des cours en présentiel après les confinements.
Pour les députés à l’origine de cette proposition, l’enjeu est de taille. Selon la députée socialiste Céline Hervieu, un jeune sur trois déclare aujourd’hui sauter régulièrement des repas. Un constat alarmant qui témoigne de l’ampleur de la précarité étudiante, un fléau régulièrement dénoncé par les associations et syndicats.
Seul un étudiant sur quatre est boursier.
Marie Mesmeur, députée de la France insoumise
Un coût de 90 millions d’euros par an
Généraliser les repas à 1 euro à tous les étudiants aurait bien sûr un coût pour les finances publiques, estimé à environ 90 millions d’euros par an. Lors des débats en commission, la gauche s’est prononcée en faveur de l’amendement, tout comme le Rassemblement national. Le député RN Jean-Philippe Tanguy a annoncé que son groupe voterait pour ce dispositif.
En revanche, les élus de la majorité présidentielle ont exprimé leur opposition, jugeant la mesure “très régressive” et “la plus injuste qui soit”. Pour le rapporteur spécial Thomas Cazenave, il n’est pas pertinent d’offrir un repas quasi-gratuit à tous les étudiants indépendamment de leur situation familiale et financière. Son collègue Charles Sitzenstuhl a quant à lui souligné les efforts déjà consentis par l’État pour financer les tarifs des restaurants universitaires gérés par les Crous.
Encore plusieurs étapes avant une mise en œuvre
Si cet amendement a franchi une première étape en étant adopté en commission des Finances, le chemin est encore long avant une éventuelle généralisation effective des repas à 1 euro. La mesure doit en effet être votée au sein de l’ensemble du projet de loi de finances pour 2025. Un texte crucial qui doit fixer le cap budgétaire de la France pour l’année à venir.
En toile de fond de ce débat, c’est bien la question plus large de la précarité étudiante et des moyens à y consacrer qui se pose. Alors que le coût de la vie ne cesse d’augmenter, en particulier dans les grandes villes universitaires, de nombreux étudiants peinent à joindre les deux bouts malgré les bourses et autres aides. Un enjeu social et éducatif majeur pour les années à venir.
Affaire à suivre donc, alors que le projet de budget 2025 doit être présenté dans les prochaines semaines par le gouvernement avant d’être débattu au Parlement. Les associations étudiantes ne manqueront pas de se mobiliser pour défendre cette mesure des repas à 1 euro et plus globalement des moyens supplémentaires pour lutter contre la précarité. Un combat de longue haleine mais plus que jamais d’actualité.
Les étudiants se serrent la ceinture
En attendant une éventuelle généralisation des repas ultra-subventionnés dans les restaurants universitaires, la réalité quotidienne de nombreux étudiants reste difficile. Selon une récente enquête, près d’un quart des jeunes se prive de repas faute de moyens suffisants. Un taux qui grimpe à plus de 30% chez les étudiants non-boursiers et ceux qui ne vivent plus chez leurs parents.
Pour tenter de s’en sortir, tous les moyens sont bons : chasse aux promotions dans les supermarchés, recours aux associations d’aide alimentaire, repas sautés… Des expédients qui permettent de survivre mais peuvent impacter la santé et la réussite des études. Sans parler du stress et de l’anxiété générés par ces difficultés financières au quotidien.
Quand on a faim, c’est difficile de se concentrer en cours ou de réviser sereinement.
Leila, étudiante en droit
Malbouffe, stress … Les conséquences de la précarité
Au-delà du simple fait de sauter des repas, la précarité alimentaire a aussi un impact sur la qualité de ce que mangent les étudiants. Exit les produits frais, bio ou équilibrés, place à la mal-bouffe, moins chère mais bien plus néfaste pour la santé. Sodas, plats préparés, gâteaux industriels… Autant d’aliments trop gras, trop sucrés ou trop salés qui peuvent favoriser surpoids, diabète et autres problèmes à long terme.
Le stress généré par les fins de mois difficiles n’arrange rien. Il peut entraîner des troubles du comportement alimentaire comme l’hyperphagie (consommation excessive de nourriture). Un cercle vicieux qui ne fait qu’aggraver la situation des étudiants les plus fragiles, déjà en difficulté par ailleurs pour payer leur loyer, leurs factures ou leur matériel d’études.
Une situation aggravée par la crise
Sans surprise, la crise sanitaire puis économique de ces dernières années a nettement aggravé la précarité étudiante. Entre les petits boulots qui ont disparu avec les confinements, l’augmentation du coût de la vie et la baisse du pouvoir d’achat, les jeunes ont été parmi les plus durement touchés. L’inflation actuelle sur les produits alimentaires n’arrange bien sûr rien.
Dans ce contexte, les repas à 1 euro apparaissent comme une bouffée d’air pour de nombreux étudiants. Pouvoir manger à sa faim pour une somme modique, dans un lieu convivial qui plus est, c’est l’assurance de vrais repas complets et équilibrés. Un réconfort au quotidien mais aussi un gain de temps et d’énergie, précieux pour la réussite des études.
Sans le resto U, je ne sais pas comment je ferais pour manger correctement tous les jours.
Sofiane, étudiant en sciences
Des coûts importants mais un investissement d’avenir
Bien sûr, les 90 millions d’euros annuels que coûterait une généralisation des repas à 1 euro représentent une somme importante, surtout dans un contexte de finances publiques tendues. Mais beaucoup y voient un véritable investissement pour l’avenir de la jeunesse et du pays.
Car en permettant aux étudiants de mieux se nourrir, c’est leur santé physique et mentale qu’on préserve, mais aussi leurs chances de réussir leurs études. Un diplôme, un bon emploi, un meilleur niveau de vie… Autant de retombées positives à long terme, pour les individus comme pour la société dans son ensemble. Sans oublier l’intérêt en matière de création de lien social et de mixité dans les restaurants universitaires.
Alors, les repas à 1 euro pour tous seront-ils le grand succès social de 2025 ? Réponse dans les prochains mois, au gré des débats parlementaires sur la loi de finances. Une chose est sûre : le sujet de la précarité étudiante sera plus que jamais au cœur des discussions. Avec l’espoir que des solutions concrètes et durables émergent pour cette génération sacrifiée.