Le plastique, ce matériau omniprésent dans nos vies, a connu une ascension fulgurante depuis son invention. D’abord perçu comme une innovation révolutionnaire, il est aujourd’hui pointé du doigt pour ses conséquences environnementales désastreuses. Retour sur l’histoire fascinante de ce polymère synthétique qui a façonné notre société de consommation.
Les débuts prometteurs du plastique
Dès son apparition, le plastique a été considéré comme un matériau miracle. Résistant, léger et économique, il a rapidement trouvé sa place dans de nombreux domaines :
- Santé : cathéters, poches, seringues et dispositifs médicaux à usage unique ont amélioré l’hygiène et participé à l’allongement de l’espérance de vie.
- Alimentation : les emballages plastiques ont permis de mieux conserver les aliments, réduisant ainsi le gaspillage.
- Vie quotidienne : le plastique s’est imposé dans tous les aspects de notre quotidien, des objets du foyer à l’électronique.
Cette success story a été portée par l’essor de la société de consommation de masse après-guerre. La production de plastique a explosé, passant de 1,5 million de tonnes en 1950 à près de 400 millions aujourd’hui.
Une image positive jusque dans les années 90
Pendant plusieurs décennies, le plastique a bénéficié d’une image très positive. Au début des années 90, en pleine épidémie de sida, le groupe Elmer Food Beat chantait même “Le plastique c’est fantastique” pour encourager l’utilisation de préservatifs. Le latex était alors vu comme un matériau salvateur.
Les prémices des plastiques bio-sourcés
Avant l’ère du tout-pétrole, les premiers plastiques étaient fabriqués à partir de matières premières naturelles et renouvelables :
- La parkésine, à base de cellulose végétale (1862)
- Le celluloïd, mélange de parkésine, camphre et alcool, utilisé pour les boules de billard, peignes et pellicules photo (1869)
- La soie Chardonnet, première fibre synthétique, ancêtre du nylon et du tergal (1884)
Mais c’est la bakélite, premier plastique 100% synthétique inventé en 1907, qui marquera un tournant. S’en suivront le polychlorure de vinyle (PVC) en 1912, le polyamide (nylon) utilisé pour les parachutes du débarquement, le téflon puis le silicone dans les années 50.
L’envers du décor : un désastre écologique
Mais le revers de la médaille ne tarde pas à se faire sentir. Dès le début des années 2000, la prise de conscience de la pollution plastique grandit. Le groupe Elmer Food Beat remixe son tube en “Le plastique c’est dramatique” pour alerter sur les dégâts causés aux océans.
Car si le plastique a révolutionné nos modes de vie, son impact environnemental est désastreux :
- Seulement 9% du plastique produit est recyclé selon l’OCDE
- 22 millions de tonnes finissent chaque année dans la nature
- Les microplastiques contaminent les chaînes alimentaires et menacent la santé humaine (système immunitaire, fertilité…)
Face à ce constat alarmant, la nécessité de repenser notre rapport au plastique s’impose. Réduction de la consommation, meilleur recyclage, développement de plastiques bio-sourcés et biodégradables… Les défis sont nombreux pour espérer endiguer cette “plastification” du monde.
Vers des plastiques plus “intelligents” ?
Malgré la prise de conscience des méfaits du plastique, difficile de s’en passer tant il est devenu incontournable. Pour concilier ses atouts et la protection de l’environnement, l’industrie mise sur des plastiques dits “intelligents”.
Le plastique devient intelligent, à l’écoute des gens.
Mickaël Pruvost, ingénieur de recherche chez Arkema
Polymères piézoélectriques, capteurs intégrés… Ces nouveaux plastiques “2.0” pourraient par exemple enregistrer les mouvements, vibrations ou rythmes cardiaques et envoyer des signaux en cas de chute de personnes âgées ou de bébés.
Des innovations prometteuses, mais qui ne régleront pas à elles seules le problème de la pollution plastique. Un changement profond de nos modes de production et de consommation reste indispensable. Le plastique, symbole de la société de consommation, en sera aussi le révélateur : c’est toute notre façon de vivre qu’il faudra repenser.
