À quelques jours d’une élection présidentielle américaine plus que jamais scrutée, la question du climat s’impose comme un enjeu central de la campagne. Entre un Donald Trump assumant son climatoscepticisme et une Kamala Harris avançant sur un fil face à un électorat divisé, l’avenir de la lutte contre le réchauffement climatique se joue en partie dans les urnes du 3 novembre prochain. Avec en toile de fond, une COP29 qui s’annonce déjà sous haute tension.
Trump : climatoscepticisme décomplexé et “drill baby drill”
Du côté républicain, la ligne est claire. Celui qui a retiré les États-Unis de l’Accord de Paris dès son arrivée au pouvoir en 2017 ne compte pas changer de cap. Pire, il entend bien amplifier sa politique pro-énergies fossiles en cas de réélection. “Le réchauffement climatique est un canular”, martèle le milliardaire qui veut relancer l’exploitation du charbon et démanteler les agences environnementales.
Son slogan ? “Drill baby drill”, en référence aux forages pétroliers et gaziers qu’il veut doper pour faire de l’Amérique le premier producteur d’énergie au monde. Selon une étude, un deuxième mandat Trump pourrait conduire à une hausse de 4 milliards de tonnes des émissions de CO2 d’ici 2030. Une catastrophe pour le climat.
Biden, un héritage climatique en sursis
Dans le viseur de Trump : l’Inflation Reduction Act, vaste plan d’investissement de Joe Biden dans les énergies propres que le républicain juge “horrible”. Il promet de revenir dessus s’il est élu, menaçant des milliers d’emplois dans l’éolien et le solaire. Un sacré retour en arrière alors que les scientifiques ne cessent d’alerter sur l’urgence climatique.
La plus grande menace pour le monde n’est pas le réchauffement climatique.
Donald Trump dans une interview à Elon Musk
Harris sur un fil
Face au taureau Trump, Kamala Harris avance prudemment sur la question climatique. Certes, l’ancienne procureure générale de Californie a poursuivi les compagnies pétrolières par le passé et défendu le climat au Congrès. Mais en pleine campagne, elle se garde bien de braquer les électeurs des swing states, souvent dépendants des énergies fossiles.
Son programme reste flou, évoquant seulement un vague “droit à un air et une eau propres”. Pire, elle semble même avoir reculé sur des sujets comme la fracturation hydraulique, une technique d’extraction controversée, affirmant qu’elle ne l’interdirait pas en cas de victoire. Un revirement qui passe mal auprès des défenseurs de l’environnement.
Une COP29 suspendue à l’élection
Cette élection en forme de choix cornélien pour le climat pourrait bien parasiter les négociations de la COP29, qui doit se tenir du 11 au 22 novembre. De nombreux États attendent en effet de connaître l’identité du futur président américain avant de dévoiler leurs engagements, notamment sur l’épineuse question des financements aux pays vulnérables.
L’élection américaine plane au-dessus de tout le monde, il est difficile de se projeter au-delà.
Tom Evans, expert du centre de réflexion E3G
Un report des décisions qui agace les ONG et les pays du Sud, pressés d’agir alors que les catastrophes climatiques se multiplient aux quatre coins du globe. Pour eux, chaque minute compte. Et cette présidentielle américaine n’a déjà que trop paralysé les discussions.
Alors, Donald Trump ou Kamala Harris ? Au-delà de l’enjeu politique, c’est bien l’avenir de la planète et de l’humanité qui se jouera en partie le 3 novembre prochain. Un scrutin à hauts risques climatiques, suivi avec angoisse par tous les défenseurs de l’environnement.