Un drame qui avait profondément marqué le Vietnam vient de connaître son épilogue judiciaire. Six personnes, dont quatre policiers, ont été condamnées mercredi par un tribunal vietnamien à des peines de prison pour leur rôle dans l’incendie meurtrier d’un karaoké en 2022. Ce sinistre avait causé la mort de 32 clients pris au piège des flammes et de l’épaisse fumée.
Retour sur un incendie dévastateur
Le drame s’était déroulé en septembre 2022 dans la région de Binh Duong, au nord de la métropole d’Ho Chi Minh City. Le feu avait pris au deuxième étage de l’établissement An Phu, un karaoké comprenant une trentaine de salles. Rapidement, les flammes et une épaisse fumée noire avaient envahi les escaliers et les issues, piégeant clients et employés.
Pris de panique, de nombreux occupants s’étaient précipités sur un balcon pour échapper au brasier. Certains avaient même sauté dans le vide pour tenter de se sauver. Mais le feu, qui s’était propagé à toute vitesse dans les aménagements intérieurs en bois, n’avait laissé aucune chance à 32 personnes, 17 hommes et 15 femmes.
Un propriétaire et des policiers sur le banc des accusés
Après plusieurs mois d’enquête, la justice vietnamienne a établi les responsabilités dans ce drame qui a ému tout le pays. Sur le banc des accusés : le propriétaire du karaoké, un prestataire impliqué dans la construction et surtout quatre policiers, condamnés pour négligence et manquement au règlement anti-incendie.
Le propriétaire, Le Anh Xuan, écope de la peine la plus lourde avec 8 ans de prison. Le contractuel qui avait réalisé le système de prévention incendie défaillant est condamné à 5 ans. Quant aux quatre agents de police, ils ont été reconnus coupables d’avoir validé ce dispositif non conforme et écopent de 4 à 7 ans et demi de détention.
Mes erreurs ont provoqué d’enormes pertes
Le Anh Xuan, propriétaire du karaoké, lors de son procès
Une tragédie qui met en lumière les failles de sécurité
Cette tragédie a mis en lumière les graves manquements en matière de sécurité incendie dans de nombreux établissements vietnamiens recevant du public. Suite au drame, les autorités ont mené des inspections à grande échelle dans les bars karaoké du pays, très populaires mais souvent peu regardants sur les normes anti-feu.
Selon des sources policières citées dans les médias d’État, ces contrôles ont abouti à la fermeture des deux tiers des 15 000 karaoké du Vietnam ! Un chiffre qui illustre l’ampleur du problème et la nécessité de renforcer drastiquement la réglementation et les contrôles.
Un lourd bilan humain, des leçons à tirer
D’après les données officielles, les incendies font de nombreuses victimes chaque année au Vietnam. Rien qu’en 2022, outre le drame du karaoké An Phu, un autre sinistre dans un immeuble résidentiel avait tué 56 personnes. Un bilan très lourd qui appelle des mesures fortes et un sursaut collectif en matière de prévention.
Les condamnations prononcées dans l’affaire du karaoké envoient un message clair : la sécurité incendie n’est pas une option, c’est une obligation. Propriétaires d’établissements, constructeurs et services de contrôle doivent impérativement assumer leurs responsabilités pour éviter de nouvelles tragédies. C’est à ce prix que la leçon de ce drame pourra être retenue.