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Élection Présidentielle au Botswana : Continuité Attendue

Le Botswana, démocratie stable d'Afrique australe, élit mercredi son président et parlement. Le sortant Masisi favori malgré une économie fragilisée et une opposition revigorée par le retour d'exil de l'ex-président Khama. Quel avenir pour ce pays dépendant du diamant ?

Ce mercredi, plus d’un million d’électeurs botswanais sont appelés aux urnes pour choisir leur prochain président et les membres de leur parlement. Ce scrutin crucial se déroule dans un pays considéré comme un modèle de stabilité démocratique en Afrique australe, mais qui traverse une période économique difficile aggravée par sa dépendance au diamant.

Un pays en quête d’un second souffle

Mokgweetsi Masisi, le président sortant âgé de 63 ans, brigue un second mandat dans un contexte économique délicat. Selon les prévisions de la Banque mondiale, la croissance du Botswana devrait chuter à 1% en 2024, contre 2,7% cette année. Le pays, qui ne compte que 2,6 millions d’habitants, est confronté à un taux de chômage préoccupant, atteignant 27% dans l’ensemble de la population et jusqu’à 38% chez les jeunes.

Cette situation s’explique en grande partie par l’affaiblissement de la demande mondiale de diamants, principale ressource du Botswana, face à la concurrence croissante des pierres de synthèse. Malgré les efforts du gouvernement pour diversifier l’économie, le pays reste très dépendant de cette industrie extractive.

Une opposition divisée mais revigorée

Face à Masisi, une opposition morcelée tente de se faire entendre. La coalition de gauche Umbrella for Democratic Change (UDC), menée par l’avocat des droits humains Duma Boko, 54 ans, espère créer la surprise. Mais ses chances ont été amoindries par la décision de deux de ses principaux alliés, le Botswana Congress Party (BCP) et le Botswana Patriotic Front (BPF), de présenter leurs propres candidats à la présidence.

Cependant, la campagne a connu un regain de dynamisme ces dernières semaines avec le retour d’exil de l’ancien président Ian Khama, 71 ans. Cette figure charismatique, qui ne peut se représenter après avoir déjà effectué deux mandats, soutient activement le BPF et multiplie les meetings pour tenter d’influencer le vote. Mais selon les analystes, son impact devrait rester limité à quelques circonscriptions.

Un scrutin sous haute surveillance

Malgré les tensions et les incertitudes économiques, le processus électoral semble se dérouler dans de bonnes conditions. Dès 6h30 ce matin, les bureaux de vote ont ouvert leurs portes aux électeurs. Le système uninominal à un tour en vigueur au Botswana ne requiert pas la majorité absolue pour l’emporter, mais simplement le plus grand nombre de sièges.

D’après les observateurs, le Botswana Democratic Party (BDP) de Masisi, qui dirige le pays sans interruption depuis l’indépendance en 1966, part favori. Comme le souligne le journal indépendant Mmegi, “le chemin du BDP vers la victoire semble non seulement probable mais de plus en plus évident”. Le président sortant s’est d’ailleurs montré confiant lors de son dernier meeting de campagne mardi soir dans la capitale Gaborone, déclarant devant ses partisans : “En 2019, j’avais tout raflé ici. Cette fois-ci je vais confirmer !”.

Des défis de taille pour le prochain gouvernement

Quel que soit le vainqueur, le futur président botswanais devra relever de nombreux défis pour redresser l’économie du pays et répondre aux attentes de la population, en particulier de la jeunesse. Comme le souligne Zibani Maundeni, politologue à l’université du Botswana, “le gouvernement continue de dépenser de manière excessive, malgré la baisse des revenus. On va vers la crise”.

Un autre enjeu central sera de mieux redistribuer les richesses issues de l’industrie du diamant. Bien que ces revenus aient permis au Botswana de construire des écoles, des hôpitaux et des infrastructures modernes, et continuent de financer l’éducation et la santé, de nombreux citoyens ont le sentiment de ne pas en profiter pleinement, comme le note Tendai Mbanje, chercheur au Centre africain pour la gouvernance.

Les résultats de ce scrutin crucial sont attendus dans les prochains jours. Ils détermineront qui aura la lourde tâche de tracer un nouvel horizon pour ce pays d’Afrique australe, longtemps cité en exemple mais aujourd’hui à la croisée des chemins. Une chose est sûre : le Botswana a plus que jamais besoin d’un projet fédérateur et ambitieux pour libérer tout son potentiel et offrir un avenir meilleur à sa population.

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