C’est un vent de colère qui souffle au sein de la communauté latino en Pennsylvanie. Mardi, une cinquantaine de manifestants se sont rassemblés à l’extérieur d’un meeting de Donald Trump à Allentown, ville à majorité hispanique de cet État-clé du nord-est des États-Unis. Scandant “Trump, dehors!” et brandissant des slogans comme “Les immigrants font la grandeur de l’Amérique”, ils exprimaient leur indignation suite à des propos polémiques tenus par un humoriste lors d’un précédent meeting de l’ex-président.
En effet, dimanche dernier au Madison Square Garden de New York, l’humoriste Tony Hinchcliffe avait qualifié Porto Rico, territoire américain des Caraïbes, d'”île flottante d’ordures”. Des propos qui ont suscité l’ire des 6 millions de Portoricains vivant sur le sol américain. “On est des citoyens, et il parle de nous de cette manière? Comment ose-t-il?”, s’insurge Ivet Figueroa, native d’Allentown élevée par des parents portoricains.
Un bloc électoral crucial qui se retourne contre Trump ?
Dans une élection présidentielle qui s’annonce d’une rare incertitude, l’impact de cette polémique pourrait bien se révéler décisif. En Pennsylvanie, quelques milliers de voix hispaniques en faveur de Kamala Harris suffiraient à faire basculer cet État-pivot, qui compte plus de 400 000 habitants d’origine portoricaine.
Selon certains militants, de plus en plus d’électeurs latinos, y compris d’anciens républicains, se détourneraient désormais de Donald Trump. Et ce malgré les tentatives de ce dernier de calmer le jeu, assurant lors de son meeting que “personne n’aime la communauté latino et notre communauté de Porto Rico plus que [lui]”.
Allentown, ville hispanique sous tension
Dans les rues d’Allentown, l’atmosphère est électrique. Aux abords de l’arène où doit se tenir le meeting de Trump, les manifestants anti-Trump font face aux partisans de l’ex-président venus en masse. Parmi ces derniers, Michelle Fernandez, fervente supportrice portoricaine de Donald Trump pour qui les propos de l’humoriste “ne sont pas sortis de la bouche de Trump” et ne pèsent donc pas dans la balance.
Mais à quelques mètres de là, le maire démocrate de la ville Matthew Tuerk, présent dans le rassemblement anti-Trump, ne décolère pas. Dénonçant une “insulte à la population d’Allentown”, il accuse les républicains de se plaindre d’un prétendu “ennemi de l’intérieur”, qui ne serait autre selon lui que la communauté hispanique.
Une “collecte des ordures” électorale en vue pour Trump ?
Face à l’indignation qui ne faiblit pas, la situation semble de plus en plus intenable pour le camp Trump en Pennsylvanie. Ivet Figueroa brandit d’ailleurs fièrement une pancarte faite maison des plus évocatrices. On peut y voir une poubelle, avec ce message sans équivoque : “le 5 novembre, c’est jour de collecte des ordures”.
Une allusion claire au jour du scrutin présidentiel, où la communauté hispanique pourrait bien sanctionner dans les urnes les propos controversés et envoyer valser les ambitions de Donald Trump dans cet État stratégique. La partie s’annonce plus serrée que jamais en Pennsylvanie, et le vote latino, bousculé par cette récente polémique, pourrait faire office d’arbitre final.