Imaginez un scénario catastrophe : une inondation majeure, un blocage total des routes… Paris se retrouverait alors coupée du monde. Combien de temps la capitale pourrait-elle tenir avant de manquer de nourriture ? La réponse est alarmante : seulement 5 à 7 jours, selon une étude inédite de l’Atelier parisien d’urbanisme (Apur).
Une Autonomie Alimentaire Fragilisée
Ce constat préoccupant est le fruit du premier travail du genre en France, initié par la mairie de Paris dans le cadre de sa “stratégie de résilience”. L’objectif : anticiper divers scénarios de crise, en collaboration avec la préfecture.
La rupture d’approvisionnement a été identifiée comme un risque majeur
Pénélope Komitès, adjointe à la maire de Paris en charge de la résilience
Un risque mis en lumière par la pandémie de Covid-19 et les menaces de blocage des agriculteurs en 2023. Mais jusqu’ici, les autorités naviguaient à vue sur la question de la résilience alimentaire.
Un Besoin Colossal, Des Stocks Insuffisants
Selon l’Apur, il faudrait 3090 tonnes de denrées par jour pour nourrir les 2,14 millions de Parisiens, soit 6,5 millions de repas quotidiens. Mais les stocks actuels sont loin du compte :
- Placards des particuliers : entre 1,5 et 5 jours de réserves
- Commerces et restauration collective : 2 jours de stocks
- Entrepôts logistiques : 2 jours d’approvisionnement
Au total, la capitale disposerait donc d’une autonomie de 5 à 7 jours maximum. Un chiffre finalement “plutôt rassurant” selon Pénélope Komitès, qui tablait jusque-là sur 3 jours sans savoir d’où venait cette estimation.
Identifier de Nouveaux Lieux de Stockage
Pour Alexandre Labasse, directeur de l’Apur, l’enjeu est maintenant “d’identifier ce qu’on peut stocker localement, pour savoir comment continuer à alimenter la capitale en cas de catastrophe”. Car Paris a perdu au fil du temps de nombreuses capacités de stockage, comme les Grands Moulins.
Pendant le Covid, où il n’y avait plus de pâtes ou de papier toilette dans les supermarchés, on s’est rendu compte que tout notre système était fondé sur le flux.
Alexandre Labasse, directeur de l’Apur
La mairie planche donc sur des scénarios pour atteindre “100 jours d’autonomie“. Parmi les pistes : utiliser certains parkings désaffectés comme “greniers”, ou encore créer un “Rungis bis” au nord de Paris, au cas où une crue de la Seine viendrait couper la ville en deux.
Vers Une Prise de Conscience
Cette étude pionnière pourrait bien faire des émules. Car la question de la sécurité alimentaire en cas de crise ne concerne pas que la capitale. Toutes les grandes villes sont potentiellement vulnérables à une rupture d’approvisionnement.
En mettant des chiffres sur cette problématique, l’Apur espère susciter une prise de conscience et encourager d’autres territoires à mener le même type de diagnostic. L’objectif : identifier les failles de notre système alimentaire pour mieux les combler, et renforcer notre résilience collective face aux crises à venir.
Car une chose est sûre : dans un monde de plus en plus incertain, l’enjeu de l’autonomie alimentaire risque de s’imposer comme un défi majeur des prochaines années. Aux villes de s’y préparer dès maintenant, pour ne pas être prises au dépourvu le jour où une catastrophe frappera à leur porte.