Qui n’a jamais eu une boîte de thon dans son placard ? Ce poisson, le plus consommé en France avec 5 kg par personne et par an, est pratique, abordable et riche en protéines. Mais derrière cette apparente perfection se cache un danger invisible : le mercure. Deux ONG viennent de tirer la sonnette d’alarme sur les taux élevés de ce métal lourd toxique dans le thon en conserve. Faut-il s’inquiéter pour notre santé ? Éléments de réponse.
Le mercure, l’ennemi silencieux du thon
Le thon, comme d’autres poissons prédateurs tels que l’espadon ou le requin, a la fâcheuse tendance à accumuler le mercure présent dans les océans, lui-même issu de la pollution humaine. Plus le poisson est gros et âgé, plus les taux de mercure sont importants.
Or le mercure est un neurotoxique puissant. À fortes doses, il peut provoquer de graves troubles neurologiques, allant de simples maux de tête à des retards de développement chez l’enfant en passant par des pertes de mémoire et des difficultés de concentration.
Des taux de mercure qui dépassent les limites
Selon une étude menée par les ONG Foodwatch et Zero Mercury Working Group, près d’une conserve de thon sur cinq dépasserait la limite maximale de mercure fixée par l’Organisation Mondiale de la Santé, soit 0,5 mg par kilo.
Les taux relevés seraient particulièrement élevés dans le thon albacore, très prisé pour sa chair claire et son goût subtil. En moyenne, une boîte de 140 g de thon albacore contiendrait 0,38 mg de mercure, soit presque la dose hebdomadaire tolérable pour un adulte !
Les femmes enceintes et les enfants, populations à risque
Si le mercure est nocif pour tous, il l’est encore plus pour les femmes enceintes et les jeunes enfants. Les autorités sanitaires recommandent ainsi aux futures mamans de limiter leur consommation de thon, et de l’éviter complètement pour les enfants de moins de 3 ans.
En cause, le risque de transfert du mercure au fœtus pendant la grossesse ou au nourrisson pendant l’allaitement, avec de possibles répercussions sur le développement neurologique de l’enfant.
Pendant la grossesse, privilégiez les poissons maigres moins chargés en polluants comme le cabillaud, le lieu ou les sardines.
Dr Sophie Duhamel, gynécologue-obstétricienne
Des mesures réclamées par les ONG
Face à ce constat alarmant, Foodwatch et Zero Mercury Working Group demandent aux autorités et à la grande distribution de prendre des mesures d’urgence :
- Abaisser la limite maximale de mercure autorisée dans le thon en conserve
- Améliorer les contrôles sur les approvisionnements
- Informer clairement les consommateurs des risques avec un étiquetage adapté
Des revendications pour l’instant restées lettre morte, alors que la consommation de thon ne faiblit pas. Il est pourtant essentiel que chacun soit conscient des dangers potentiels de cet aliment pour faire des choix éclairés.
Quelques conseils pour limiter les risques
En attendant une évolution de la réglementation, voici quelques conseils simples pour réduire son exposition au mercure présent dans le thon en conserve :
- Modérer sa consommation : pas plus d’une boîte par semaine
- Varier les marques et les espèces de thon (albacore, listao, germon…)
- Alterner avec d’autres sources de protéines (viande, œufs, légumineuses…)
- Privilégier le thon frais de petite taille, moins chargé en mercure
Bien sûr, pas question de diaboliser cet aliment qui reste excellent pour la santé grâce à ses apports nutritionnels. Mais comme souvent, la clé est dans la modération et la diversification. Un principe de précaution à appliquer tout particulièrement pour les publics fragiles comme les femmes enceintes et les enfants en bas âge.
Au final, cette alerte sur le mercure dans le thon en conserve est un nouveau rappel de l’importance de s’interroger sur ce que l’on met dans notre assiette. Dans un monde idéal, nous n’aurions pas à nous soucier de la qualité et de la sécurité de notre alimentation. Mais en attendant ce jour, restons vigilants, curieux et exigeants. C’est la clé d’une alimentation saine et durable pour tous.