L’empire du Milieu compte bien garder son avance dans la course mondiale aux véhicules électriques. BYD, Xpeng, MG ou encore Forthing… ces constructeurs chinois profitent depuis des années de subventions massives de Pékin pour développer des modèles toujours plus performants et abordables. Résultat, la Chine est largement en tête sur ce marché stratégique, avec près de 60% des ventes mondiales de voitures électriques en 2022. Un leadership qui fait de l’ombre aux acteurs européens.
L’Europe contre-attaque avec des droits de douane
Face à cette concurrence déloyale, Bruxelles a décidé de riposter. Depuis ce jeudi, l’Union Européenne impose des droits de douane très élevés sur toutes les voitures électriques importées de Chine. Des taxes qui varient de 20% à 80% selon les constructeurs et les modèles, avec pour objectif affiché de rééquilibrer les forces en présence. Une mesure protectionniste qui pourrait ralentir les ambitions chinoises en Europe, au moins à court terme.
Mais pour nombre d’experts, ces taxes ne suffiront pas à combler le retard technologique des constructeurs du Vieux Continent. Car en plus des aides publiques, les entreprises chinoises bénéficient d’un vaste écosystème local, allant des batteries aux semiconducteurs en passant par les logiciels de conduite autonome. Un “cluster” difficilement rattrapable sans une politique industrielle d’envergure.
Les droits de douane ne sont qu’un pansement. Pour rester dans la course, l’Europe doit investir massivement dans l’innovation et créer des champions capables de rivaliser avec les géants chinois.
– Un analyste du secteur automobile
Des stratégies pour contourner les taxes
Face à ces nouvelles barrières douanières, certains constructeurs chinois ont déjà trouvé la parade. BYD, numéro un mondial du secteur, a annoncé son intention d’ouvrir plusieurs usines sur le sol européen d’ici 2025. Une manière de contourner les taxes tout en se rapprochant des consommateurs du continent. D’autres misent sur des partenariats avec des marques locales, à l’image de la coentreprise entre Renault et Jiangling Motors.
Mais la partie est loin d’être gagnée pour les challengers européens. Car pendant qu’ils se concentrent sur la défense de leur marché intérieur, les mastodontes chinois poursuivent leur expansion mondiale, de l’Asie du Sud-Est à l’Amérique Latine en passant par le Moyen-Orient. Leur maîtrise des coûts et leur avance technologique leur permettent de casser les prix tout en offrant des modèles attractifs et bien équipés.
L’avenir appartient-il aux voitures électriques “made in China”?
Si les constructeurs européens ont raté le premier virage de l’électrique, ils comptent bien rattraper leur retard dans les années à venir. Volkswagen, Stellantis, BMW… tous ont annoncé des plans ambitieux pour électrifier leur gamme et développer des technologies de pointe. Reste à savoir s’ils parviendront à combler leur retard sur des acteurs chinois qui ont pris une sérieuse longueur d’avance.
La Chine a misé très tôt sur l’électrique, quand l’Europe continuait à défendre le diesel. Aujourd’hui, on paie le prix de ce manque de vision stratégique.
– Un expert de la mobilité durable
Une chose est sûre : la bataille pour le leadership mondial des véhicules électriques ne fait que commencer. Et dans cette compétition acharnée, la Chine part avec une sérieuse longueur d’avance, portée par le soutien indéfectible de son gouvernement et la puissance de son industrie. Aux Européens de relever le défi, sous peine de voir le Vieux Continent marginalisé sur ce qui s’annonce comme le nouveau marché roi de l’automobile.