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L’ONU Dénonce la “Mentalité Destructrice” des Belligérants en Birmanie

L'émissaire de l'ONU tire la sonnette d'alarme sur le conflit birman, fustigeant la "mentalité destructrice" des belligérants. Un diagnostic sans appel qui souligne l'urgence d'agir pour mettre fin aux violences et permettre la réconciliation. Mais comment sortir de l'impasse ? Éléments de réponse.

La situation en Birmanie ne cesse de se dégrader depuis le coup d’État militaire de 2021. Les violences se multiplient à travers le pays, plongeant la population dans une crise humanitaire sans précédent. Face à cette tragédie, l’émissaire de l’ONU pour la Birmanie, Julie Bishop, a tiré la sonnette d’alarme lors de sa première intervention devant une commission de l’Assemblée générale des Nations unies.

Une “mentalité de jeu à somme nulle” qui bloque toute issue

Au cœur du diagnostic alarmant de l’émissaire onusienne : la “mentalité de jeu à somme nulle” qui anime les différents protagonistes du conflit birman. Une posture qui les pousse à ne voir que leurs propres intérêts, au détriment de toute possibilité de dialogue et de compromis. “Les acteurs birmans doivent dépasser cette mentalité actuelle de jeu à somme nulle”, a martelé Julie Bishop, soulignant qu’il ne peut y avoir “que peu de progrès pour répondre aux besoins de la population pendant que les conflits armés continuent à travers le pays”.

La réconciliation, otage des violences

Pour l’ancienne ministre australienne des Affaires étrangères, une évidence s’impose : “tout chemin vers la réconciliation nécessite la fin de la violence”. Un préalable indispensable pour permettre de rendre des comptes et d’assurer un accès sans entraves de l’ONU et de ses partenaires humanitaires aux populations les plus vulnérables, à l’image de la minorité musulmane des Rohingyas. Sans cela, prévient-elle, “le conflit birman risque de devenir une crise oubliée”. Un scénario catastrophe alors que, de l’aveu même de tous les acteurs, “la souffrance humaine atteint des niveaux sans précédents”, avec notamment 3,4 millions de personnes déplacées.

Des crimes de guerre et crimes contre l’humanité “intensifiés”

Le tableau dressé par Nicholas Koumjian, à la tête du Mécanisme onusien d’enquête indépendant pour la Birmanie, est tout aussi sombre. Il fustige “l’augmentation de la fréquence et de la brutalité des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité”, pointant notamment du doigt “l’intensification” des frappes aériennes de l’armée birmane ces dernières semaines, qui ont tué “des centaines de civils”. Des exactions qui, souligne-t-il, ne sont pas l’apanage des seules forces gouvernementales, le Mécanisme collectant aussi des preuves de crimes commis par d’autres groupes armés.

Des réseaux criminels “hors de contrôle”

Autre motif d’inquiétude soulevé par l’émissaire de l’ONU : dans ce contexte de chaos, les réseaux criminels sont “hors de contrôle”. Une situation qui ne fait qu’aggraver le sort des populations civiles, déjà durement éprouvées par les combats et les exactions.

Des élections sous haute tension

Si la junte birmane a évoqué la possibilité d’organiser des élections, Julie Bishop rejoint le scepticisme du secrétaire général de l’ONU quant à la faisabilité d’un tel scrutin tant que les combats se poursuivent. Une position partagée par de nombreux observateurs, qui craignent que ces élections ne servent qu’à légitimer le pouvoir des militaires, sans offrir de réelle perspective de sortie de crise.

Un appel à la communauté internationale

Face à cette situation dramatique, l’émissaire de l’ONU a lancé un appel vibrant à la communauté internationale, l’enjoignant à ne pas détourner le regard de la tragédie birmane. “Le peuple birman qui a tant souffert mérite mieux”, a-t-elle insisté, plaidant pour une mobilisation urgente afin de faire pression sur les belligérants et les amener à privilégier la voie du dialogue et de la réconciliation.

Mais au-delà des déclarations, c’est une action résolue et concertée qui est attendue pour sortir la Birmanie de l’ornière. Un défi de taille pour la communauté internationale, qui devra user de toute son influence et de tous ses leviers pour convaincre les acteurs birmans de renoncer à la logique destructrice de la guerre. Un enjeu crucial pour l’avenir d’un pays meurtri, qui aspire plus que jamais à la paix et à la stabilité.

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