Les relations déjà extrêmement tendues entre Israël et les Nations Unies ont atteint un nouveau point de rupture cette semaine. Le parlement israélien a en effet voté lundi soir l’interdiction à l’UNRWA, l’agence onusienne dédiée aux réfugiés palestiniens, de travailler sur le territoire israélien, Jérusalem-Est incluse. Une décision lourde de conséquences dans un contexte déjà explosif.
L’UNRWA dans le viseur d’Israël
Depuis le début du conflit à Gaza en octobre dernier, l’UNRWA est devenue la cible privilégiée des attaques israéliennes contre l’ONU. Accusée de partialité envers les Palestiniens, l’agence qui coordonne l’essentiel de l’aide humanitaire à Gaza a perdu plus de 220 employés dans les bombardements, tout en faisant face à des coupes budgétaires drastiques.
Mais pour Israël, certains membres de l’UNRWA auraient participé directement à l’attaque du 7 octobre contre son territoire. Des accusations graves, qui ont conduit au vote d’interdiction de lundi, vécu comme une véritable « déclaration de guerre » à l’ONU selon plusieurs observateurs.
Escalade verbale et menaces
Car au-delà de l’UNRWA, c’est l’ensemble des agences et responsables onusiens qui sont visés par la colère d’Israël depuis octobre. Qualifiant le secrétaire général Antonio Guterres d’« anti-israélien » et de « soutien aux terroristes », le gouvernement n’a pas hésité à le déclarer persona non grata.
« Nous avons le sentiment que l’ONU a trahi Israël »
a déclaré l’ambassadeur israélien à Genève
En cause : les nombreuses critiques de l’ONU sur la gestion par Israël de la guerre à Gaza, jugée « disproportionnée » au vu du lourd bilan humain. Certains experts onusiens vont jusqu’à accuser Israël de « génocide », des attaques considérées comme intolérables côté israélien.
Vers une remise en cause du statut d’Israël à l’ONU ?
Les tensions actuelles ravivent les plaies anciennes dans les relations israélo-onusiennes. Depuis longtemps, Israël se plaint d’être la cible privilégiée de l’ONU et de ses résolutions, tout en bénéficiant selon ses détracteurs d’une « impunité » en raison de la protection occidentale.
« Le génocide en cours à Gaza est sans aucun doute la conséquence du statut exceptionnel et de l’impunité prolongée dont jouit Israël »
a déclaré l’experte indépendante de l’ONU Francesca Albanese
Un statut qu’Israël pourrait voir remis en cause au vu de la gravité de la crise actuelle. Après les menaces sur la place d’Israël à l’ONU, certains s’interrogent désormais ouvertement sur le bien-fondé du maintien de ce pays au sein d’« une organisation pour laquelle il ne semble avoir aucun respect ».
Quelles conséquences pour la région ?
Si les relations israélo-onusiennes semblent bel et bien être entrées dans une nouvelle ère, les premiers perdants risquent d’être les Palestiniens et les populations civiles de Gaza. Privée de l’aide vitale de l’UNRWA, la bande de Gaza, déjà dévastée par des mois de conflit, pourrait connaître une aggravation dramatique de la situation humanitaire.
Plus largement, c’est toute la problématique du conflit israélo-palestinien et du respect du droit international qui se trouve posée. Car sans réel contrepoids onusien, rien ne semble pouvoir enrayer la fuite en avant guerrière dans laquelle la région semble plus que jamais plongée. Preuve que derrière la crise diplomatique actuelle, ce sont bien des enjeux majeurs pour la paix et la stabilité au Proche-Orient qui se jouent.