L’attribution de la Coupe du Monde 2034 de football fait déjà des vagues, alors que l’Arabie saoudite, unique candidate en lice, se retrouve sous le feu des critiques. En effet, un rapport indépendant évaluant le respect des droits humains dans le cadre de cette candidature est vivement contesté par un collectif de 11 ONG, parmi lesquelles figurent Human Rights Watch et Amnesty International.
Un rapport qualifié de “défaillant” et “trompeur”
Le rapport en question, rédigé par le cabinet d’avocats AS&H Clifford Chance basé à Ryad, est accusé par les organisations de défense des droits humains d’ignorer les standards fondamentaux en la matière, tels que stipulés dans la Charte internationale des droits de l’homme. Elles dénoncent une utilisation “sélective” des évaluations de l’ONU et pointent du doigt l’absence de consultation d’acteurs externes crédibles, notamment des spécialistes saoudiens des droits humains.
Selon un communiqué commun des ONG, dont font aussi partie FairSquare, Equidem, Football Supporters Europe et le Gulf Centre for Human Rights, le document “ne contient aucune discussion substantielle sur les abus commis en Arabie saoudite, documentés par plusieurs organisations de défense des droits humains et organes de l’ONU”. Elles estiment que cette omission flagrante de perspectives externes crédibles va à l’encontre des recommandations en matière d’évaluation des droits humains.
Des omissions flagrantes
Pour les signataires, ce rapport biaisé aurait pour objectif de “créer une perspective artificiellement limitée, trompeuse et excessivement positive” de la situation des droits humains en Arabie saoudite. Ils soulignent que le royaume est régulièrement épinglé pour des exécutions de masse, des allégations de torture, ainsi que les restrictions imposées aux femmes sous le système de tutelle masculine.
La liberté d’expression y est aussi sévèrement restreinte, tandis que les relations sexuelles hors mariage et entre personnes de même sexe sont criminalisées. L’exploitation des travailleurs migrants y serait par ailleurs “généralisée”.
Le spectre du “sportswashing”
L’Arabie saoudite, qui multiplie l’organisation de grands événements sportifs internationaux, est fréquemment accusée de se livrer au “sportswashing” – utiliser le sport pour détourner l’attention de son bilan controversé en matière de droits de l’homme. Les mêmes inquiétudes avaient déjà entaché la Coupe du Monde 2022 au Qatar.
Si, comme tout porte à le croire, le Mondial 2034 est attribué en décembre prochain à l’Arabie saoudite, nul doute que la question des droits humains reviendra hanter la compétition et sa couverture médiatique pendant des années. La FIFA, régulièrement critiquée pour son manque de considération envers ces enjeux cruciaux, aura fort à faire pour convaincre que le plus grand événement sportif au monde ne se fait pas au détriment de valeurs fondamentales.
En attendant, les projecteurs sont braqués sur ce rapport contesté, qui jette une ombre préoccupante sur la légitimité de la candidature saoudienne. Les appels à une évaluation plus transparente, exhaustive et impartiale du respect des droits humains se multiplient. Reste à savoir si ces voix critiques seront entendues par les instances dirigeantes du football mondial.