Le couperet est tombé ce mardi pour les 3000 employés de l’usine Audi de Forest, en région bruxelloise. Lors d’un conseil d’entreprise extraordinaire, la direction a confirmé son intention de cesser la production du SUV électrique haut de gamme Q8 e-tron sur le site dès le 28 février 2025, mettant ainsi fin à l’activité du site belge. Une annonce qui sonne comme un coup de tonnerre pour l’industrie automobile du pays, déjà fragilisée par la crise actuelle.
Des coûts de production trop élevés malgré une demande en berne
Pour justifier cette décision lourde de conséquences, Audi Bruxelles met en avant « des coûts de production élevés » dans la capitale belge, combinés à une baisse des ventes de son modèle phare, le Q8 e-tron. Un cocktail détonnant qui rend le site peu compétitif dans un marché automobile en pleine mutation, où les constructeurs se livrent une bataille sans merci pour réduire leurs coûts et optimiser leurs capacités de production.
Pourtant, tout n’est peut-être pas perdu pour le vaste site de 58 hectares et ses salariés. Lors du conseil d’entreprise, les syndicats ont eu vent de l’intérêt d’un éventuel repreneur pour l’usine Audi de Forest. D’après une source proche du dossier, il s’agirait d’un fabricant de véhicules utilitaires dont l’identité n’a pas encore été dévoilée. Une lueur d’espoir pour les employés, mais qui soulève encore beaucoup d’interrogations.
L’incertitude plane sur l’avenir du site et des emplois
En effet, même si ce potentiel repreneur se confirme, rien ne garantit qu’il conservera l’intégralité du vaste terrain de 58 hectares et surtout qu’il reprendra l’ensemble des 3000 salariés actuels. D’âpres négociations sont à prévoir dans les semaines à venir pour tenter de sauvegarder un maximum d’emplois sur un site qui faisait la fierté de la région bruxelloise.
Car au-delà des emplois directs, c’est tout un écosystème de sous-traitants et de fournisseurs qui risque d’être impacté par la fermeture annoncée. Un véritable séisme social qui intervient au pire moment, alors que le secteur automobile tente de se relever de la crise sanitaire et doit faire face à une transformation profonde avec l’accélération de l’électrification.
La difficile équation de l’électrification pour l’industrie automobile européenne
Le cas d’Audi Bruxelles illustre parfaitement les défis auxquels sont confrontés les constructeurs automobiles européens dans leur virage forcé vers l’électrique. Sous la pression des normes environnementales de plus en plus strictes et la concurrence féroce des acteurs chinois, ils doivent investir des milliards dans de nouvelles technologies tout en s’efforçant de réduire leurs coûts de production pour rester compétitifs.
Un exercice d’équilibriste périlleux qui se traduit souvent par des restructurations douloureuses, comme on l’a vu ces derniers mois avec les annonces de suppressions d’emplois chez Renault, Volkswagen ou encore Continental. Et la situation ne risque pas de s’améliorer à court terme, alors que les ventes de voitures électriques marquent le pas en Europe après des années de forte croissance.
Un marché électrique en panne de croissance en Europe
Selon les derniers chiffres du marché, les immatriculations de véhicules électriques ont reculé de 5,8% sur les neuf premiers mois de l’année par rapport à la même période en 2023. Un coup de frein brutal après des années de progression à deux chiffres, qui s’explique en grande partie par des prix encore trop élevés pour séduire massivement les consommateurs.
Malgré les aides gouvernementales et les efforts des constructeurs, le ticket d’entrée dans l’électrique reste dissuasif pour de nombreux ménages, surtout dans un contexte économique tendu. Et les perspectives ne sont guère encourageantes à moyen terme, alors que l’Union européenne prévoit d’interdire la vente de véhicules thermiques neufs dès 2035.
Bruxelles surtaxe les voitures électriques chinoises, mais sera-ce suffisant ?
Face à cette situation préoccupante, Bruxelles a décidé de réagir en adoptant ce mardi jusqu’à 35% de surtaxes sur les voitures électriques importées de Chine. Une mesure de rétorsion ciblée contre les pratiques jugées déloyales de Pékin, qui subventionne massivement son industrie automobile pour inonder le marché européen de modèles à bas coûts.
Mais cette riposte sera-t-elle suffisante pour enrayer la spirale dépressive dans laquelle semble s’enfoncer la filière automobile européenne ? Rien n’est moins sûr, tant les défis sont immenses pour opérer la mue vers l’électrique tout en préservant la compétitivité et l’emploi sur le Vieux Continent. L’avenir du site Audi de Bruxelles, et plus largement de tout le secteur, dépendra en grande partie de la capacité des acteurs à trouver le bon équilibre dans cette équation complexe. Les prochains mois s’annoncent décisifs.