C’est un véritable coup de théâtre qui s’est produit ce mardi au sein du parti Renaissance. Élisabeth Borne, qui avait annoncé sa candidature au poste de secrétaire général dès le mois d’août, a finalement décidé de se retirer de la course. Une décision surprenante qui laisse le champ libre à Gabriel Attal, lui aussi candidat déclaré depuis peu.
Un accord de dernière minute entre Borne et Attal
Selon des sources concordantes, c’est un accord négocié en coulisses entre les deux anciens locataires de Matignon qui est à l’origine de ce retournement de situation. Face à la perspective d’un affrontement fratricide, Élisabeth Borne et Gabriel Attal auraient préféré jouer la carte de l’unité.
Gabriel Attal et Élisabeth Borne ont fait le choix d’une candidature d’union et de rassemblement. Ni la situation de notre pays, ni celle de notre parti ne supporteraient la division.
Communiqué commun d’Élisabeth Borne et Gabriel Attal
Aux termes de cet accord, Élisabeth Borne renonce à briguer la tête du parti mais récupère en échange la présidence du Conseil national, un poste qui sera spécialement créé pour l’occasion. De quoi assurer à ses soutiens une présence significative au sein du bureau exécutif de Renaissance.
Gabriel Attal, seul candidat en lice
Suite à ce retrait, Gabriel Attal a officialisé sa candidature au poste de secrétaire général, avec pour ambition de « rebâtir un parti d’idées, de terrain et de victoires ». L’ancien Premier ministre, qui cumule déjà les casquettes de président du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale, part donc avec une longueur d’avance.
Mais ce grand écart entre la direction du parti et la présidence du groupe parlementaire suscite quelques interrogations, y compris au sein du gouvernement. « Ça me paraît compliqué de faire les deux à 100% », confie ainsi un ministre sous couvert d’anonymat.
Les militants appelés à trancher le 7 décembre
Malgré cet apparent verrouillage, c’est bien aux adhérents de Renaissance que reviendra le dernier mot. L’élection du nouveau secrétaire général est en effet prévue le 7 décembre prochain. « Si les militants le confirment par leur vote, Gabriel Attal sera alors le secrétaire général de Renaissance. Élisabeth Borne sera présidente du Conseil national », précise le communiqué commun.
Un scrutin qui s’annonce donc comme une formalité, mais qui permettra tout de même aux militants de se prononcer sur ce nouveau partage des rôles au sommet du parti présidentiel. Une façon aussi pour la direction de s’assurer de la légitimité de cette formule inédite.
Le défi de la reconstruction pour Renaissance
Au-delà des questions de personnes, l’enjeu pour Renaissance est surtout de réussir sa mue après plusieurs années difficiles. Miné par les dissensions internes et les revers électoraux, le parti présidentiel espère ainsi tourner la page et se relancer dans la perspective des prochaines échéances.
Avec ce ticket Attal-Borne et la promesse d’un « vrai partage des responsabilités », la direction de Renaissance mise sur un nouveau souffle et un apaisement des tensions. Reste à savoir si cette stratégie sera payante et permettra au parti de retrouver une dynamique positive.
Un parti en quête d’une nouvelle identité
Car au-delà de la question du leadership, c’est bien la ligne politique et l’identité même de Renaissance qui restent à définir. Entre la tentation d’un ancrage plus à droite et la volonté de maintenir un équilibre au centre, les signaux envoyés ces derniers mois ont souvent été contradictoires.
Le chantier qui attend Gabriel Attal s’annonce donc immense. Il lui faudra à la fois rassembler un parti fragmenté, clarifier son positionnement idéologique et préparer les prochaines batailles électorales. Un défi de taille pour celui qui incarne, à 38 ans, la nouvelle génération de Renaissance.
L’ombre de Macron plane toujours sur Renaissance
Autre inconnue : le rôle que jouera Emmanuel Macron dans cette nouvelle configuration. Même s’il n’est plus officiellement membre de Renaissance, le chef de l’État reste l’inspirateur et la figure tutélaire du parti. Ses prises de position et ses arbitrages continueront donc de peser lourdement sur la vie interne du mouvement.
D’autant que le locataire de l’Élysée semble déterminé à garder la main sur sa famille politique, comme en témoigne son intervention récente en faveur d’un report des élections internes. Un signal clair envoyé aux prétendants à sa succession, qu’ils se nomment Élisabeth Borne, Gabriel Attal ou Édouard Philippe.
Les ambitions présidentielles en toile de fond
Car c’est bien la question de l’après-Macron et de l’élection présidentielle de 2027 qui se profile en filigrane de cette réorganisation. En prenant les rênes de Renaissance, Gabriel Attal s’installe un peu plus dans le costume de présidentiable et de potentiel successeur d’Emmanuel Macron.
Mais il n’est pas le seul sur les rangs. Élisabeth Borne, en dépit de son retrait tactique, n’a pas renoncé à ses ambitions élyséennes. Quant à Édouard Philippe, l’ancien Premier ministre cultive savamment sa différence et son positionnement « Macron-compatible » en vue de 2027.
Autant de paramètres qui font de cette élection à la tête de Renaissance un moment charnière. Au-delà de l’avenir immédiat du parti présidentiel, c’est bien la recomposition du paysage politique en vue de la prochaine présidentielle qui se joue en coulisses. Un feuilleton à rebondissements dont l’épilogue est encore loin d’être écrit.