Alors qu’un scandale sexuel ébranle la coalition de gauche radicale Sumar en Espagne, le Premier ministre socialiste Pedro Sánchez a tenu à exprimer sa “confiance totale” envers ses alliés. Cette affaire, qui a conduit à la démission du porte-parole de Sumar au Congrès des députés, Iñigo Errejón, suite à des accusations d’agression sexuelle, a plongé toute la gauche espagnole dans la tourmente.
Un coup dur pour les partis se revendiquant féministes
Le scandale touche en effet au cœur des valeurs défendues par la gauche, à savoir la lutte pour l’égalité femmes-hommes et contre les violences sexuelles. Sumar, qui gouverne en coalition avec le PSOE de Pedro Sánchez, et le parti Más Madrid de M. Errejón, se retrouvent ainsi accusés d’hypocrisie, voire de complicité, par leurs opposants politiques. Des voix s’élèvent pour dénoncer une tentative d’étouffer l’affaire afin de protéger le député mis en cause.
Pedro Sánchez salue la réaction “ferme” de Sumar et Más Madrid
Interrogé sur le sujet lors d’une visite en Inde, le chef du gouvernement espagnol a néanmoins pris la défense de ses partenaires. Il a loué la réponse “ferme” apportée par les directions de Sumar et Más Madrid dès la révélation des faits : ouverture d’enquêtes internes, menace d’expulsion à l’encontre d’Iñigo Errejón, finalement contraint à la démission.
Le plus important, c’est l’engagement politique aussi bien de Mónica García que de Yolanda Díaz (et) de l’ensemble du gouvernement espagnol en faveur de la cause féministe
Pedro Sánchez
M. Sánchez a tenu à souligner l’engagement “sans équivoque” de son exécutif, qu’il qualifie de “plus féministe de l’histoire de l’Espagne”, en faveur de l’égalité. Il a notamment mis en avant les lois “clairement féministes” adoptées sous son mandat à l’initiative de la ministre du Travail (et dirigeante de Sumar) Yolanda Díaz et de la ministre de l’Égalité Irene Montero.
La gauche espagnole face à ses contradictions
Au-delà de l’affaire Errejón en elle-même, ce scandale met en lumière les difficultés de la gauche radicale à incarner pleinement les valeurs féministes dont elle se revendique. Desde Sumar et Más Madrid jusqu’à Podemos, les formations progressistes sont régulièrement mises face à leurs propres contradictions lorsque des affaires de harcèlement ou d’agression sexuelle éclatent en leur sein.
Pour l’opposition de droite, ce nouveau scandale est l’occasion de dénoncer “l’hypocrisie” et le “deux poids, deux mesures” qui régneraient à gauche sur ces sujets. Mais Pedro Sánchez, en renouvelant avec force sa “confiance totale” envers ses alliés, semble déterminé à ne pas laisser cette affaire fragiliser davantage sa coalition, déjà éprouvée par de nombreuses tensions internes.
Reste à savoir si ce soutien suffira à éteindre la polémique et à restaurer la crédibilité des partis de gauche sur les questions d’égalité et de lutte contre les violences faites aux femmes, two thèmes centraux de leur identité politique. Car au-delà du cas Errejón, c’est bien la capacité de la gauche à incarner le féminisme dans ses actes, et pas seulement dans ses discours, qui se trouve aujourd’hui mise en doute.