Le thon en boîte, star incontestée des repas pris sur le pouce, se retrouve aujourd’hui au cœur d’une polémique inquiétante. En effet, deux ONG, Bloom et Foodwatch, viennent de tirer la sonnette d’alarme concernant les taux excessifs de mercure présents dans cette conserve pourtant si prisée. Une révélation qui soulève de nombreuses questions sur les risques potentiels pour notre santé.
Le thon, un poisson au sommet de la chaîne alimentaire
Pour mieux comprendre cette problématique, il est essentiel de se pencher sur le mode d’alimentation du thon. Situé en haut de la chaîne alimentaire marine, ce grand prédateur se nourrit principalement de poissons plus petits tels que les sardines, les harengs ou encore les calmars. En les consommant, le thon accumule ainsi tout le mercure que ses proies ont elles-mêmes ingéré. Un phénomène de bioaccumulation qui explique les concentrations importantes de ce métal lourd dans sa chair.
Les risques pour les populations sensibles
Si le mercure représente un danger pour tous, certaines populations y sont particulièrement vulnérables. C’est notamment le cas des femmes enceintes, des femmes allaitantes et des jeunes enfants. Pour Alexandra Rétion, diététicienne-nutritionniste, il est primordial que ces personnes évitent de consommer du thon, privilégiant plutôt les petits poissons situés en bout de chaîne alimentaire.
Pour les femmes enceintes et allaitantes ainsi que les enfants de moins de trois ans, ma recommandation est clairement d’éviter le thon et de se tourner vers des petits poissons.
Alexandra Rétion, diététicienne-nutritionniste
L’Agence de sécurité sanitaire abonde dans ce sens, mettant en garde contre la toxicité du méthylmercure pour le système nerveux central, en particulier lors du développement in utero et pendant la petite enfance. Une exposition même en l’absence de signes chez la mère peut entraîner des troubles comportementaux légers ou des retards de développement chez l’enfant.
Consommer avec modération
Pour le reste de la population, la consommation de thon n’est pas à proscrire totalement mais doit se faire avec parcimonie. La diététicienne insiste sur le fait qu’il faut éviter d’en manger quotidiennement, comme dans un sandwich chaque midi par exemple. La Commission européenne recommande ainsi de ne pas dépasser une à deux fois par semaine pour les espèces comme le thon susceptibles de contenir d’importantes quantités de méthylmercure.
Il est important de noter que ces conseils peuvent varier d’un pays à l’autre, la consommation de poisson étant très différente selon les régions du globe. Il est donc essentiel de se référer aux recommandations nationales en la matière.
Le thon, un aliment aux multiples bienfaits
Malgré cette mise en garde sur le mercure, il serait dommage de se priver totalement des nombreux atouts nutritionnels du thon. Riche en protéines de haute qualité, en oméga-3, en vitamines et en minéraux, ce poisson contribue à une alimentation équilibrée. Une portion de 100g de thon en boîte couvre ainsi près de la moitié des besoins journaliers en protéines.
La clé est donc de trouver le juste équilibre, en consommant du thon avec modération tout en variant les sources de protéines. Opter pour des poissons moins prédateurs comme les sardines, les maquereaux ou encore les anchois permet de profiter des bienfaits du poisson tout en limitant l’exposition au mercure.
Vers une meilleure information des consommateurs
Face à ces révélations inquiétantes, de nombreux consommateurs s’interrogent sur l’absence d’information concernant la présence de mercure dans les conserves de thon. Une mention claire sur les emballages permettrait en effet à chacun de faire un choix éclairé en fonction de sa situation personnelle.
Les associations de défense des consommateurs plaident ainsi pour une meilleure transparence de la part des industriels et des autorités sanitaires. Une démarche essentielle pour permettre à tous de concilier plaisir gustatif et préservation de sa santé.
En attendant une éventuelle évolution de la réglementation, il appartient à chacun de s’informer et d’adapter sa consommation de thon en fonction des recommandations des experts. Un petit geste qui peut avoir un grand impact sur notre bien-être et celui de nos proches.