C’est une véritable guerre des poubelles qui se joue actuellement à Périgueux. Depuis la mise en place d’un nouveau système de ramassage des ordures ménagères en janvier dernier, basé sur des points d’apport volontaire et une redevance incitative, la grogne ne cesse de monter chez les habitants. Un ras-le-bol qui se traduit par une multiplication des incivilités et des actes de vandalisme.
Un nouveau système de collecte qui passe mal
Exit les traditionnelles poubelles individuelles, place désormais à des bornes d’apport volontaire disséminées dans la ville. Pour y déposer leurs déchets, les Périgourdins doivent désormais badger, permettant ainsi de comptabiliser le nombre de dépôts. Car désormais, plus on jette, plus on paye, via une redevance incitative mise en place par le syndicat départemental des déchets.
Un système qui est loin de faire l’unanimité. Beaucoup jugent les tarifs prohibitifs et dénoncent un service dégradé, les points de collecte étant parfois éloignés des habitations. “Avant, ils venaient chercher nos poubelles devant chez nous. Maintenant, je dois faire 500 mètres pour aller jeter mes ordures, et en plus je paye plus cher. C’est n’importe quoi !”, s’indigne un riverain.
Des bornes vandalisées, incendiées
Face à ce qu’ils jugent être une injustice, certains habitants ont décidé de passer à l’action. Selon nos informations, depuis le début de l’année, plus d’une centaine de bornes ont été endommagées : serrures forcées, trappes découpées, et même pour certaines, entièrement calcinées. Des actes de vandalisme qui représenteraient déjà un préjudice de plus de 2,5 millions d’euros pour le syndicat des déchets.
“Très souvent, il y a des ordures partout autour des bornes, ou même à côté des conteneurs de tri. Les gens n’en ont plus rien à faire”, se désole un habitant. Un phénomène de dépôts sauvages lui aussi en pleine expansion, les usagers refusant de payer pour jeter leurs poubelles.
Un accompagnement jugé insuffisant
Pour Jean-Marc Champeaux, membre du collectif de lutte contre les déchets, ces incivilités sont le symptôme d’un rejet massif de la population : “Il y a un problème de consentement à ce système et un accompagnement pédagogique vraiment faible qui ne permet pas aux gens de comprendre pourquoi ils doivent faire plus d’efforts en payant plus cher pour un service moindre”. Un manque d’explication et de concertation pointé du doigt par de nombreux Périgourdins.
“On nous l’a imposé du jour au lendemain, sans nous demander notre avis. Évidemment que les gens se rebiffent !”
Un habitant du centre-ville
La mairie campe sur ses positions
Face à cette fronde, la municipalité joue la carte de la fermeté. Pas question de revenir en arrière sur ce nouveau mode de collecte, présenté comme plus écologique et responsable. “C’est une nécessité si on veut réduire nos déchets et les valoriser au mieux. Les Périgourdins doivent prendre leurs responsabilités”, assène le maire dans nos colonnes.
Mais dans l’immédiat, il faut colmater les brèches. Pour faire face au vandalisme, le syndicat des déchets envisage d’installer des caméras de vidéosurveillance autour des points sensibles. Et côté finances, ce sont les usagers qui risquent de trinquer. Pour compenser les pertes liées aux dégradations, la redevance pourrait augmenter de 5% dès l’année prochaine, un comble pour des Périgourdins déjà échaudés par la facture…
Des solutions alternatives ?
Pour tenter de désamorcer les tensions, certains élus plaident pour davantage de pédagogie et de dialogue avec les habitants. D’autres songent à des mesures incitatives, comme des dégrèvements pour les “bons trieurs”, ou des tarifs dégressifs en fonction du volume de déchets.
Des pistes qui pour l’instant ne semblent pas retenir l’attention de la mairie, bien décidée à maintenir le cap. Jusqu’où ira ce bras de fer entre les Périgourdins et leurs élus ? À Périgueux, la guerre des poubelles ne fait peut-être que commencer…