L’exécution en Iran d’un dissident iranien naturalisé allemand, condamné pour son implication présumée dans un attentat meurtrier, a déclenché une vive polémique internationale. Les autorités iraniennes ont vigoureusement dénoncé ce mardi les critiques émises par l’Allemagne et l’Union européenne, y voyant un signe d’hypocrisie.
L’Iran Dénonce Un “Régime Inhumain”
Jamshid Sharmahd, 69 ans, avait été condamné à mort en février dernier par un tribunal de Téhéran. Il était accusé d’être impliqué dans un attentat à la bombe contre une mosquée de Chiraz en 2008, qui avait fait 14 morts et quelque 300 blessés. Résidant aux États-Unis, il avait été arrêté dans des circonstances troubles par les services de sécurité iraniens en 2020. Sa famille affirme qu’il a été enlevé lors d’un transit à Dubaï.
Suite à son exécution lundi, la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock a fermement condamné le “régime inhumain” de Téhéran. Une réaction qui a suscité l’ire des autorités iraniennes.
“Aucun terroriste ne bénéficie de l’impunité en Iran. Même s’il est soutenu par l’Allemagne. Un passeport allemand n’assure l’impunité à personne, et encore moins à un terroriste criminel.”
– Abbas Araghchi, ministre iranien des Affaires étrangères
Berlin Rappelle Son Ambassadeur
En réaction, l’ambassadeur d’Allemagne en Iran, Markus Potzel, a été convoqué mardi au ministère iranien des Affaires étrangères. Il a “protesté avec la plus grande fermeté” contre ce qu’il a qualifié d'”assassinat” du dissident. Berlin a par la suite rappelé son ambassadeur à Téhéran pour consultations, signe d’une escalade des tensions diplomatiques.
L’Iran ne reconnaît pas la double nationalité pour ses ressortissants. Les autorités ont ainsi balayé l’argument de la nationalité allemande de Jamshid Sharmahd, réaffirmant la primauté de la justice iranienne.
L’UE Accusée D’Hypocrisie
Les critiques ne se sont pas limitées à l’Allemagne. Le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep Borrell, a appelé à des “mesures en réponse” à cette exécution. Une position vivement dénoncée par son homologue iranien :
“L’Europe n’est que synonyme d’hypocrisie.”
Abbas Araghchi, ministre iranien des Affaires étrangères
M. Araghchi a notamment reproché à l’UE de ne pas avoir empêché “la tuerie de plus de 50 000 Palestiniens à Gaza”, faisant référence au conflit opposant le Hamas palestinien à Israël. Une rhétorique récurrente de la part de la République islamique, qui se pose régulièrement en défenseur de la cause palestinienne face à “l’hypocrisie occidentale”.
Des Tensions Récurrentes
Cette polémique s’inscrit dans le contexte de relations tendues entre l’Iran et les pays occidentaux, sur fond de désaccord persistant autour du programme nucléaire iranien. Téhéran est également régulièrement pointé du doigt pour ses violations des droits humains, ses interventions régionales et son soutien à des groupes considérés comme terroristes par la communauté internationale.
L’affaire Jamshid Sharmahd illustre une nouvelle fois le fossé qui sépare la conception iranienne de la justice et la vision des droits fondamentaux défendue par l’Europe. Un clivage qui alimente des tensions récurrentes et rend le dialogue de plus en plus ardu entre la République islamique et l’Occident.
Alors que la communauté internationale condamne ce qu’elle considère comme un acte barbare, l’Iran campe sur ses positions. Téhéran rejette en bloc les critiques, les assimilant à une ingérence inacceptable dans ses affaires intérieures. Un bras de fer diplomatique qui risque de perdurer, sur fond de crispations idéologiques et de jeux d’influence géopolitiques. L’exécution de Jamshid Sharmahd apparaît ainsi comme un nouveau point de friction dans des relations irano-occidentales de plus en plus dégradées.