C’est une soirée qui restera dans les annales du football espagnol. Lundi soir, au Théâtre du Châtelet à Paris, l’Espagne a été doublement sacrée lors de la cérémonie du Ballon d’Or. Rodri, le milieu de terrain de Manchester City, a créé la surprise en remportant le trophée tant convoité chez les hommes, tandis qu’Aitana Bonmati, la star du FC Barcelone, a été élue chez les femmes.
L’Espagne au sommet du football mondial
Ce triomphe espagnol a été salué par toute la presse ibérique. “L’Espagne est en Or”, titre en une le quotidien Marca, qui souligne l’exploit de Rodri, seulement le deuxième Espagnol de l’histoire à soulever le Ballon d’Or après Luis Suárez en 1960. AS, l’autre grand journal sportif du pays, parle d’une “consécration” pour le football espagnol, qui place trois joueurs sur le podium avec la troisième place du jeune prodige Lamine Yamal.
Rodri, le triomphe de l’humilité
Pourtant, le sacre de Rodri a surpris beaucoup d’observateurs. Le joueur de 27 ans, discret et peu médiatique, ne faisait pas figure de favori face à des stars comme Vinicius Junior ou Kylian Mbappé. Mais son extraordinaire saison avec Manchester City, vainqueur de la Premier League, de la FA Cup et surtout de sa première Ligue des Champions, a fait pencher la balance.
Rodri a remporté le Ballon d’Or en tant qu’homme le plus normal qui soit, sans tatouages, sans boucles d’oreilles, sans réseaux sociaux et avec une chevelure classique de footballeur.
Marca
Un triomphe de l’humilité et du collectif, comme le souligne Marca, qui voit en Rodri “un symbole de constance et de modestie”. Le natif de Madrid, formé à l’Atlético avant d’exploser à Villarreal puis City, incarne un certain idéal du milieu de terrain moderne, sobre et efficace.
Bonmati, l’autre héroïne espagnole
Moins surprenant était le sacre d’Aitana Bonmati chez les femmes. La milieu du Barça, déjà vainqueur de la Ligue des Champions et championne du monde avec la Roja cet été, confirme à 25 ans qu’elle est la meilleure joueuse de la planète. Un statut qu’elle doit autant à son immense talent qu’à son abnégation et son jeu tourné vers le collectif.
Ce trophée récompense toute une carrière de travail et de sacrifices. C’est un rêve de petite fille qui se réalise, mais ce n’est pas une fin en soi. Je veux continuer à tout gagner avec le Barça et la sélection.
Aitana Bonmati
Déception et polémiques au Brésil
Si l’Espagne exulte, ce n’est pas le cas au Brésil, où la 2e place de Vinicius Jr a un goût amer. Annoncé grand favori, le prodige du Real Madrid a été devancé par Rodri, au grand dam des supporters auriverdes.
Certains médias, comme Folha de São Paulo, évoquent même une possible influence du militantisme anti-raciste de “Vini” dans ce résultat, une prise de position qui lui vaudrait des inimitiés dans le monde du football, principalement en Europe. Des accusations qui font polémique et ne sont étayées par aucune preuve tangible.
Le Real Madrid boude la cérémonie
Autre fait marquant de cette soirée : l’absence remarquée de toute la délégation du Real Madrid, des joueurs à l’entraîneur Carlo Ancelotti en passant par le président Florentino Pérez. Un boycott vu comme une manifestation de la frustration du club madrilène, grand perdant de cette édition avec aucun joueur sacré malgré une saison réussie.
La presse italienne, notamment la Gazzetta dello Sport, qualifie ce boycott de “caprice d’enfant gâté” de la part d’un Real habitué à collectionner les Ballons d’Or (12 au total). Une attitude qui tranche avec la joie et la fierté affichées par les autres clubs espagnols, du Barça à l’Atlético en passant par City.
Une cérémonie sous le signe de l’Espagne
Au final, cette édition 2023 du Ballon d’Or aura couronné le football espagnol dans son ensemble. Avec deux trophées individuels majeurs (auxquels il faut ajouter le Trophée Kopa du meilleur espoir pour Lamine Yamal), plusieurs joueurs espagnols ou évoluant en Liga sur le podium, l’Espagne s’affirme plus que jamais comme la nouvelle nation phare du football mondial.
C’est une immense fierté pour tout le football espagnol. Ces Ballons d’Or montrent la qualité de nos joueurs, de nos clubs, de nos sélections. L’Espagne revient sur le devant de la scène mondiale et compte bien y rester.
Luis Rubiales, président de la Fédération espagnole de football
Une hégémonie qui tranche avec les années de domination de Lionel Messi et Cristiano Ronaldo, et qui pourrait se confirmer dès la prochaine édition. Avec des talents comme Pedri, Gavi, Alejandro Baldé ou Nico Williams qui pointent le bout de leur nez, l’avenir s’annonce doré pour l’Espagne.