Face à l’enjeu majeur que représente l’absentéisme dans la fonction publique, la mairie de Poissy (Yvelines) a décidé de prendre le problème à bras le corps. En misant sur le renouvellement de ses équipements, plus ergonomiques, elle a réussi à faire baisser significativement le taux d’absentéisme de ses employés municipaux. Une stratégie innovante et gagnante, qui pourrait inspirer d’autres collectivités.
Un coût conséquent pour les finances de la ville
D’après une source proche du dossier, en 2014, les agents de la ville de Poissy étaient en moyenne absents 20 jours par an. Un chiffre élevé qui se traduisait par un coût annuel de 1,5 million d’euros pour la municipalité. Face à ce constat alarmant, les élus ont décidé d’agir, en se concentrant sur la prévention des arrêts maladie plutôt que sur leur gestion a posteriori.
Des bureaux réglables et des exosquelettes pour les jardiniers
Premier axe de travail : l’amélioration de l’ergonomie des postes de travail. Exit les bureaux traditionnels, place aux modèles réglables en hauteur, permettant de travailler assis ou debout. Un simple bouton suffit pour ajuster la position. “Je le règle à ma position debout”, témoigne une employée dans un reportage consacré à cette initiative.
Mais la ville est allée encore plus loin, en équipant ses jardiniers municipaux d’exosquelettes. Ces dispositifs high-tech, portés par-dessus les vêtements, soulagent les efforts et réduisent la pénibilité. “Moi, je suis sujet aux lumbagos, j’en fais souvent. Mais, depuis que je l’ai, le médecin, je l’ai pas vu beaucoup”, se réjouit l’un des agents équipés.
Un investissement rentable sur le long terme
Pour financer ces équipements innovants, la mairie de Poissy a dégagé une enveloppe budgétaire annuelle de 50 000 euros. “C’est beaucoup, mais c’est moins que des millions d’euros en absentéisme maladie, sans politique de prévention”, souligne Antoine Rialland, directeur général adjoint des ressources humaines.
Et les résultats sont au rendez-vous. En 10 ans, le taux d’absentéisme des fonctionnaires municipaux est passé de 20 à 15 jours par an. Soit une baisse de 25%, et des économies substantielles pour la ville, de l’ordre de 500 000 euros par an. Preuve que miser sur le bien-être au travail n’est pas qu’un coût, mais un véritable investissement, rentable sur le long terme.
On a un peu plus de 50.000 euros en enveloppe budgétaire chaque année sur le matériel ergonomique. C’est beaucoup, mais c’est moins que des millions d’euros en absentéisme maladie, sans politique de prévention.
– Antoine Rialland, DGA RH de Poissy.
Vers une généralisation de ces bonnes pratiques ?
L’exemple de Poissy montre qu’il est possible, avec des mesures simples et ciblées, de faire reculer l’absentéisme dans la fonction publique. Un enjeu crucial à l’heure où le gouvernement veut durcir les conditions d’indemnisation des arrêts maladie des fonctionnaires, suscitant la colère des syndicats.
Plutôt que de pointer du doigt les agents, ne faudrait-il pas s’inspirer des collectivités vertueuses et innovantes comme Poissy ? En investissant dans la qualité de vie au travail, elles prouvent que l’on peut concilier bien-être des employés et maîtrise des dépenses publiques. Un modèle à suivre pour endiguer durablement le fléau de l’absentéisme.