Les rues commerçantes de Marseille sont en ébullition. Depuis quelques jours, l’arrivée d’un nouveau venu fait grincer des dents les boutiquiers locaux : Shein, géant chinois de la fast fashion, vient d’ouvrir un magasin éphémère en plein cœur de la cité phocéenne. Cette implantation soudaine ravive les tensions autour d’un sujet brûlant : la concurrence jugée déloyale des enseignes temporaires face aux commerces traditionnels.
Shein débarque, les prix s’effondrent
Le nouveau magasin Shein ne désemplit pas depuis son ouverture. Il faut dire que l’enseigne joue la carte des prix imbattables pour attirer une clientèle jeune et connectée, friande de mode à petit budget. Dans les rayons, les articles s’enchaînent à un rythme effréné, surfant sur les dernières tendances du moment.
Face à cette déferlante, les boutiques alentour font grise mine. “On ne peut pas lutter, souffle une commerçante dépitée. Leurs prix sont bien en-dessous des nôtres. Forcément, les clients se ruent là-bas au détriment de nos collections.”
Une mode jetable qui inquiète
Au-delà de l’aspect financier, c’est un véritable choc des cultures qui s’opère. D’un côté, les enseignes historiques misent sur la qualité et la durabilité. De l’autre, Shein incarne le paroxysme de la “fast fashion”, cette mode ultra rapide et renouvelable, avec des vêtements souvent éphémères.
“Ce n’est pas notre vision du prêt-à-porter, s’indigne un créateur local. On essaye de proposer des pièces intemporelles, bien coupées, qui traversent les saisons. Eux jouent la carte du toujours plus, toujours plus vite, quitte à sacrifier la qualité. C’est une mode kleenex qui nous préoccupe.”
Propos recueillis auprès d’un créateur marseillais.
L’appel au soutien des commerces locaux
Face à cette situation, les commerçants traditionnels appellent les Marseillais à privilégier l’achat local. Selon eux, soutenir les boutiques de proximité, c’est préserver le dynamisme et l’authenticité du centre-ville. C’est aussi favoriser un modèle plus durable et respectueux, à rebours de la surproduction pratiquée par les géants de la fast fashion.
“On a vraiment besoin que les habitants jouent le jeu, insiste un représentant des commerçants. En achetant local, on soutient des emplois, des savoir-faire, toute une économie qui fait vivre nos quartiers. C’est crucial pour l’avenir de nos centres-villes.”
Vers une régulation des boutiques éphémères ?
Cet épisode marseillais ne fait que cristalliser un débat qui agite de nombreuses villes en France et dans le monde. Comment encadrer le développement des magasins éphémères pour ne pas déstabiliser le commerce traditionnel ? Faut-il légiférer pour réguler cette nouvelle donne ? Autant de questions épineuses qui animent les discussions.
Pour l’heure, d’après nos informations, les services municipaux planchent sur une possible charte de bonne conduite à destination des enseignes temporaires. L’idée ? Définir un cadre pour que ces implantations ponctuelles se fassent en bonne intelligence avec les commerces pérennes. Affaire à suivre…
Une chose est sûre : l’arrivée tonitruante de Shein à Marseille ne fait que raviver le débat sur l’avenir du commerce en centre-ville. Entre colère des uns et appétit des autres, l’équation s’annonce complexe à résoudre. Mais une voie médiane doit être trouvée pour préserver la vitalité de nos rues commerçantes, véritables poumons de nos cités.