Alors qu’Israël vient d’interdire les activités de l’Unrwa sur son territoire, un haut responsable de l’agence onusienne chargée des réfugiés palestiniens affirme que son organisation reste “irremplaçable” et “essentielle” pour maintenir en vie la population de la bande de Gaza, durement éprouvée par plus d’un an de guerre.
L’Unrwa, “épine dorsale” de l’aide humanitaire à Gaza
Présente dans les Territoires palestiniens depuis plus de 70 ans, l’Unrwa fournit une assistance vitale aux réfugiés à travers un vaste réseau comprenant quelque 18 000 employés, dont 13 000 enseignants et 1 500 personnels de santé. Selon Jonathan Fowler, porte-parole de l’agence à Jérusalem, cette dernière constitue “l’épine dorsale” du dispositif humanitaire à Gaza.
“L’ensemble du système des Nations unies ainsi que d’autres acteurs internationaux comptent sur les réseaux logistiques de l’Unrwa et sur son personnel pour faire le nécessaire afin de tenter de maintenir la population de Gaza en vie”
a souligné M. Fowler
Une décision israélienne qui suscite l’inquiétude
L’adoption par le Parlement israélien de deux textes interdisant les activités de l’Unrwa et la coopération des responsables israéliens avec l’agence fait craindre de sérieuses perturbations dans l’acheminement de l’aide, sachant qu’Israël contrôle strictement l’entrée des cargaisons humanitaires à Gaza. M. Fowler qualifie cette situation de “très, très grave”.
L’Unrwa dépend en effet d’une coordination étroite avec l’armée israélienne et le COGAT, l’organisme du ministère de la Défense gérant les affaires civiles dans les Territoires, pour assurer la sécurité des mouvements de son personnel et l’acheminement des marchandises. Une tâche rendue plus cruciale encore par le conflit en cours.
Un “coup porté au multilatéralisme”
Au-delà du cas particulier de Gaza, le porte-parole de l’Unrwa s’inquiète des répercussions de la décision israélienne sur l’avenir du multilatéralisme. Il y voit “un coup porté” à ce dernier, craignant que cela ne crée un précédent pour d’autres gouvernements souhaitant “se débarrasser” d’organisations onusiennes jugées “gênantes”.
Face à cette situation préoccupante, M. Fowler espère que la décision sera annulée, jugeant difficilement “envisageable de remplacer” l’Unrwa. Parallèlement, il appelle la communauté internationale à définir un “plan B” au cas où la mesure serait effectivement appliquée d’ici trois mois.
L’Unrwa face aux critiques israéliennes
Ces dernières années, l’agence onusienne a fait l’objet de vives critiques de la part des autorités israéliennes, qui se sont intensifiées depuis le début de la guerre à Gaza en octobre dernier, consécutive à une attaque meurtrière du Hamas en territoire israélien. Malgré l’opposition de Washington et une mise en garde du Conseil de sécurité de l’ONU, le Parlement israélien a adopté lundi les textes controversés à une très large majorité.
Une décision jugée “scandaleuse” par M. Fowler, pour qui le travail de l’Unrwa auprès des réfugiés palestiniens reste plus que jamais indispensable en ces temps troublés. Alors que le conflit à Gaza s’enlise et que la situation humanitaire ne cesse de se dégrader, l’avenir de l’agence et de ceux qui dépendent de son assistance apparaît aujourd’hui bien incertain.