Une nouvelle attaque meurtrière perpétrée par le groupe terroriste Boko Haram vient d’endeuiller le Tchad. Dans la nuit du dimanche à lundi, un assaut contre une base militaire sur l’île de Barkaram, dans la région du lac Tchad, a coûté la vie à une quarantaine de soldats tchadiens selon un bilan officiel. Face à cette tragédie, les autorités tchadiennes lancent un appel solennel à la communauté internationale pour intensifier son soutien dans la lutte antiterroriste au Sahel.
Cette attaque sanglante, qui a également fait une vingtaine de blessés parmi les rangs de l’armée, illustre une nouvelle fois la menace que fait peser le terrorisme dans cette zone instable. Boko Haram et sa branche dissidente, l’État Islamique en Afrique de l’Ouest, ciblent fréquemment les forces de sécurité tchadiennes déployées dans la région marécageuse du lac Tchad, devenue un sanctuaire pour les groupes jihadistes.
Le Tchad en première ligne face au terrorisme
Pays pauvre mais stratégique, le Tchad paie un lourd tribut dans la guerre contre le terrorisme au Sahel. Son armée, considérée comme l’une des plus aguerries de la région, est engagée sur de multiples fronts pour contenir la propagation de l’insurrection islamiste apparue au Nigeria en 2009.
Les soldats tchadiens avaient déjà subi de lourdes pertes en mars 2020, lorsqu’une offensive de Boko Haram avait fait une centaine de morts dans leurs rangs, le bilan le plus meurtrier enregistré par l’armée nationale. Cette nouvelle attaque traumatisante ravive le spectre d’un enlisement et d’un débordement de la menace.
Un appel à la solidarité internationale
Dans un communiqué, le porte-parole du gouvernement tchadien Abderaman Koulamallah a martelé l’urgence d’une « action collective et déterminée » pour éradiquer le terrorisme, qualifié de « mal qui menace la stabilité et le développement de toute la région ». Un message fort adressé à la communauté internationale, exhortée à « intensifier son soutien » et à « renforcer l’aide » apportée aux pays du Sahel.
La France, alliée historique du Tchad et engagée militairement au Sahel, a rapidement réagi par la voix de son ambassade à N’Djamena en assurant que « la France se tient aux côté du Tchad dans la lutte contre le terrorisme », tout en présentant ses condoléances.
Une lutte de longue haleine
Cette énième attaque souligne l’extrême complexité et la durée d’une lutte antiterroriste qui ne peut se concevoir qu’à l’échelle régionale voire internationale. Le Tchad, malgré sa détermination et les sacrifices consentis, ne peut pas affronter seul la nébuleuse jihadiste qui déstabilise le Sahel.
Alors que l’influence de la Russie ne cesse de s’étendre chez les voisins du Tchad, comme en Centrafrique ou au Soudan, une coopération militaire renforcée avec les partenaires occidentaux apparaît cruciale pour endiguer la menace terroriste. Le soutien en renseignement, en formation et en équipements des forces armées tchadiennes sera déterminant pour inverser le rapport de force.
Reconstruction et résilience
Au-delà de la réponse sécuritaire immédiate, avec notamment la contre-offensive lancée par le président Mahamat Idriss Déby Itno pour « traquer les assaillants », c’est aussi un accompagnement de long terme dont a besoin le Tchad et l’ensemble du Sahel pour s’attaquer aux racines du mal.
Lutter efficacement contre le terrorisme impliquera de réduire la pauvreté et les inégalités qui constituent un terreau fertile pour les groupes extrémistes, tout en renforçant la gouvernance et les services publics pour restaurer l’autorité de l’État. Un chantier titanesque qui nécessite une solidarité internationale pérenne, seule à même de ramener la paix et la stabilité dans cette région meurtrie.