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Israël Interdit les Activités de l’UNRWA, l’UE Doit Agir

Le Premier ministre irlandais fustige le vote "honteux" d'Israël interdisant l'UNRWA et appelle l'UE à revoir ses relations commerciales avec le pays. D'autres dirigeants européens s'indignent et réclament une action urgente face à la crise humanitaire qui menace. L'UE saura-t-elle trouver le "courage moral" d'agir ?

C’est une décision qui fait l’effet d’une bombe. Le parlement israélien a voté lundi soir une loi controversée interdisant les activités de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens, l’UNRWA, sur son territoire. Un vote qualifié de “honteux”, “déshonorant” et “méprisable” par le Premier ministre irlandais Simon Harris. Ce dernier n’a pas mâché ses mots pour fustiger cette mesure lors d’une visite à Dublin du futur président du Conseil européen, Antonio Costa.

Pour Harris, les conséquences humanitaires seront dramatiques : “Davantage de gens vont mourir, davantage d’enfants vont mourir de faim”, s’est-il indigné. Il a appelé l’Union européenne à une réaction forte, estimant que “la mesure la plus importante que l’UE pourrait prendre maintenant est de revoir les relations commerciales” avec Israël au niveau européen.

Une position européenne divisée sur le conflit israélo-palestinien

L’Irlande fait partie, avec l’Espagne notamment, des pays européens les plus critiques envers la politique israélienne depuis le début de la guerre à Gaza. Dublin et Madrid, ainsi que la Norvège et la Slovénie, ont reconnu l’État de Palestine ces derniers mois. Ces quatre pays avaient vivement condamné le vote de la Knesset lundi soir, soulignant dans un communiqué commun le rôle “essentiel et irremplaçable” de l’UNRWA auprès des réfugiés palestiniens.

Mais les divergences restent profondes entre les 27 sur ce dossier sensible. Si certains, comme l’Irlande ou l’Espagne, plaident pour une ligne dure envers Israël, d’autres se montrent plus mesurés. En février, Dublin et Madrid avaient demandé à la Commission européenne de vérifier de “manière urgente” le respect par Israël des “points essentiels” de l’accord d’association UE-Israël, notamment en matière de droits humains.

L’accord d’association UE-Israël remis en question

Cet accord, signé en 1995 et entré en vigueur en 2000, sert de cadre aux relations entre l’UE et Israël, y compris sur le plan commercial. Mais sa clause relative aux droits de l’homme est de plus en plus remise en cause par certains États membres, qui y voient un levier pour faire pression sur le gouvernement israélien.

Il n’y a pas d’alternative à l’UNRWA. Ce n’est pas seulement moi qui le dis. C’est le secrétaire général des Nations unies, c’est le président des États-Unis.

Simon Harris, Premier ministre irlandais

Pour Simon Harris, l’UE doit urgemment “trouver le courage moral d’agir” face à la décision “inacceptable” d’Israël. “Il n’y a pas d’alternative à l’UNRWA”, a-t-il martelé, rappelant que l’ONU et les États-Unis avaient souligné le caractère “nécessaire” de l’agence onusienne.

La crise humanitaire menace à Gaza

Sur le terrain, la situation est explosive. Depuis le début de la guerre en mai, Gaza a subi d’immenses destructions et sa population, déjà largement dépendante de l’aide internationale, s’enfonce dans la pauvreté. Selon des sources humanitaires, plus de 120 000 logements ont été endommagés ou détruits, jetant à la rue des dizaines de milliers de familles.

Dans ce contexte, la décision israélienne de bloquer le travail de l’UNRWA fait craindre le pire. L’agence fournit une assistance vitale à plus d’un million de Gazaouis, de la nourriture aux soins. Sa paralysie pourrait précipiter une catastrophe humanitaire dans l’enclave, déjà soumise à un blocus israélien depuis près de 15 ans.

L’heure des choix pour l’Europe

Face à ce qui s’apparente à un tournant dans le conflit, la pression monte sur l’Union européenne pour qu’elle clarifie sa position. Va-t-elle continuer à ménager son allié israélien malgré les atteintes répétées au droit international ? Ou est-elle prête à utiliser son influence économique pour infléchir la politique de Tel-Aviv ?

Pour Simon Harris, le moment est venu pour l’Europe de faire des choix courageux. “Davantage d’action au niveau de l’UE serait très efficace”, a-t-il insisté, promettant de continuer à défendre ce point de vue. Mais le chemin s’annonce semé d’embûches tant les désaccords restent profonds entre des Européens soucieux de préserver leurs intérêts stratégiques et commerciaux avec Israël.

Dans ce bras de fer diplomatique, c’est le sort de millions de Palestiniens qui est en jeu. Sans une aide d’urgence, avertissent les humanitaires, Gaza pourrait basculer dans une spirale mortifère. L’UE, premier donateur des Palestiniens, a les moyens d’agir. Encore faut-il qu’elle en trouve la volonté politique. La balle est plus que jamais dans le camp européen.

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