Lors de sa visite d’État au Maroc, le président Emmanuel Macron a prononcé un discours devant le Parlement marocain à Rabat, mardi 15 juin. Au cœur de son allocution : l’immigration illégale et la nécessité d’une coopération renforcée entre la France et le Maroc sur cette question sensible.
Un appel à une “coopération naturelle et fluide”
Emmanuel Macron a ainsi plaidé pour une “coopération naturelle et fluide” avec le royaume chérifien dans le domaine de l’immigration illégale. Cette coopération doit notamment s’incarner, selon le président français, dans le “partenariat d’exception renforcé” conclu la veille avec le roi Mohammed VI.
Ce partenariat repose en particulier sur une meilleure collaboration consulaire entre les deux pays. L’objectif : permettre à la France d’expulser plus facilement les ressortissants marocains en situation irrégulière sur son territoire, via une reprise plus fluide par le Maroc de ses nationaux.
La France veut “davantage encore de résultats”
Mais Emmanuel Macron veut aller plus loin et obtenir “davantage encore de résultats” sur le front de l’immigration clandestine. Il a ainsi évoqué la nécessité d’une “lutte contre les trafics de toute nature”, en particulier le narcotrafic, qui sévit entre les deux pays.
Pour ce faire, le président a appelé de ses vœux une “coopération judiciaire très étroite et encore plus rapide” entre la France et le Maroc. Une manière de renforcer encore la coordination des actions contre les réseaux criminels de passeurs et de trafiquants.
Un sujet sensible côté français
Cette volonté de coopération accrue intervient dans un contexte politique tendu en France sur la question migratoire. Le nouveau ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin souhaite notamment conditionner la politique de visas à la bonne volonté des pays d’origine dans la réadmission de leurs ressortissants.
Une approche illustrée par les chiffres cités par Gérald Darmanin début octobre : en 2023, 238 000 visas ont été accordés aux Marocains, pour seulement 1680 retours forcés vers le royaume. Le Maroc est pourtant considéré comme un “pays sûr” où l’on peut “accélérer un certain nombre de réadmissions” selon le ministre.
Ce durcissement fait suite à l’indignation suscitée par le meurtre d’une étudiante par un ressortissant marocain qui était sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Un drame qui a remis sur le devant de la scène le débat sur les expulsions de sans-papiers.
Une coopération à élargir
Au-delà de la question de l’immigration illégale, Emmanuel Macron a également souhaité “jeter les bases d’une circulation naturelle des personnes” entre la France et le Maroc. L’objectif : faciliter les projets communs en matière de recherche et de création d’entreprises.
Le président a salué “des initiatives bienvenues prises ces derniers mois”, comme l’octroi automatique d’un visa de circulation aux anciens étudiants marocains de l’enseignement supérieur français. Mais il a appelé à “viser plus haut” et à faire du Maroc un “terrain d’expérimentation” pour aller plus loin dans cette voie.
Ce discours illustre la volonté de l’exécutif français de renforcer la coopération globale avec le Maroc, partenaire stratégique de la France, tout en obtenant des avancées concrètes sur le dossier sensible de l’immigration. Une équation complexe qui sera au cœur des échanges entre les deux pays dans les prochains mois.