Le paysage politique chilien connaît un bouleversement majeur suite aux élections locales de ce dimanche. La coalition de gauche du président Gabriel Boric subit une déroute inattendue, perdant de nombreuses municipalités au profit de l’opposition de droite traditionnelle. L’extrême droite, qui espérait profiter des récents scandales ayant ébranlé le pays, réalise finalement une percée plus modeste qu’anticipée.
Une participation massive sur fond de scandales
Plus de 15 millions de Chiliens étaient appelés aux urnes pour désigner maires et gouverneurs régionaux lors de ce scrutin, véritable baromètre à deux ans de la prochaine élection présidentielle. Le vote, obligatoire, s’est déroulé dans un contexte particulièrement tendu, la société chilienne étant encore sous le choc de plusieurs affaires retentissantes.
Il y a près d’un an, le scandale “Hermosilla” révélait l’existence d’un vaste réseau d’influence impliquant l’entourage de l’ex-président de droite Sebastian Piñera, décédé en février dernier. Plus récemment, c’est Manuel Monsalve, homme clé du gouvernement Boric en charge de la sécurité, qui a dû démissionner suite à des accusations de viol.
La gauche perd du terrain, la droite traditionnelle en profite
Dans ce contexte agité, le camp présidentiel essuie une défaite cinglante, cédant pas moins de 40 municipalités à l’opposition selon les résultats partiels. La droite traditionnelle sort grande gagnante, raflant 36 nouvelles mairies. Une claque pour le président Boric, qui parvient toutefois à sauver quelques bastions clés comme Maipu, dans la banlieue de Santiago.
Le pouvoir a perdu une quantité importante de municipalités, même s’il a réussi à conserver des municipalités clés.
Rodrigo Espinoza, analyste de l’université Diego Portales
Percée en demi-teinte pour l’extrême droite
La surprise vient finalement de l’extrême droite. Surfant sur la vague des scandales à répétition, elle était donnée favorite dans de nombreuses localités. Mais selon les résultats partiels, elle ne remporte que 8 municipalités sur les 345 en jeu, bien en-deçà des projections des analystes.
Au niveau régional, 11 provinces sur 16 devront attendre le second tour du 24 novembre pour connaître leur gouverneur. Le candidat du pouvoir, Claudio Orrego, s’impose tout de même dès le premier tour dans la région clé de Santiago, avec une confortable avance sur son rival de droite.
Un avertissement pour le président Boric
Si l’ampleur de la poussée de l’extrême droite est finalement plus limitée qu’attendu, ces élections locales n’en constituent pas moins un sérieux revers pour le président de gauche Gabriel Boric, à peine un an et demi après son arrivée au pouvoir. Elles illustrent la fragilité de sa coalition, sur fond de scandale à répétition et de grogne sociale persistante.
Un avertissement sans frais pour le jeune président réformateur, qui va devoir resserrer les rangs et redoubler d’efforts pour reconquérir une opinion publique volatile, à l’approche d’échéances électorales majeures. Le chemin s’annonce semé d’embûches pour la gauche chilienne, dans un pays encore profondément marqué par l’héritage de la dictature Pinochet.