Alors que l’élection présidentielle américaine du 5 novembre prochain s’annonce particulièrement serrée entre la présidente sortante Kamala Harris et son rival républicain Donald Trump, la question de l’immigration refait surface dans le débat public. Si la frontière mexicaine cristallise une grande partie des tensions, un autre point d’entrée plus discret inquiète : la frontière avec le Canada.
Une route migratoire en plein essor
Depuis quelques années, le nombre de personnes entrant illégalement aux États-Unis depuis le Canada ne cesse d’augmenter. Selon les autorités, ils étaient 15 000 l’an dernier à avoir été interpellés, soit dix fois plus que trois ans auparavant. Un phénomène moins massif qu’à la frontière sud, mais qui commence à faire parler de lui.
Chris Olivier, un agriculteur dont les terres jouxtent la frontière, témoigne : « C’est très facile de traverser ici, pas de rivière, rien du tout. Tous les jours j’ai deux groupes qui passent sur ma propriété. » Leur destination finale ? New York, la plupart du temps. Un trajet bien plus court et moins risqué que depuis le Mexique.
Un sujet brûlant pour la présidentielle
À l’approche du scrutin du 5 novembre, ces franchissements illégaux sont devenus un argument de campagne. Dans les États frontaliers, directement concernés, de nombreux citoyens envisagent de voter pour Donald Trump, qui a fait de la lutte contre l’immigration clandestine son cheval de bataille.
Quand Trump était au pouvoir, très peu de gens traversaient. Je n’avais pas ce problème il y a quatre ans.
Chris Olivier, agriculteur
Un point de vue partagé par de nombreux électeurs républicains de la région, qui reprochent à l’administration Harris d’avoir « laissé les frontières grandes ouvertes ». La présidente démocrate, elle, mise sur une approche plus humanitaire en régularisant certains sans-papiers. Deux visions diamétralement opposées.
Entre colère et inquiétude
Sur place, l’exaspération monte chez certains habitants excédés par ces intrusions à répétition. « On ne se sent plus chez nous, ni en sécurité », se plaint Laura, une riveraine. D’autres craignent de voir débarquer avec les clandestins « de la drogue et de la criminalité ».
Pourtant, d’après les autorités locales, la grande majorité de ces migrants sont des familles fuyant la misère et cherchant une vie meilleure. Reste que leur présence attise les tensions et les amalgames, sur fond de course à la Maison Blanche. Pour endiguer le phénomène, les contrôles ont été renforcés côté canadien, sans grands résultats pour le moment.
Vers un durcissement des frontières ?
Si Donald Trump l’emporte le 5 novembre, il a promis de se montrer intraitable avec l’immigration clandestine, quel que soit le point d’entrée. Son projet phare : étendre le mur qu’il avait initié à la frontière mexicaine lors de son premier mandat. Une idée jugée irréaliste par ses détracteurs.
Kamala Harris, elle, mise davantage sur la coopération avec les pays d’origine pour tarir les flux à la source et créer des voies d’immigration légale. Deux approches radicalement différentes, à l’image d’une Amérique profondément divisée sur la question. Réponse dans les urnes, dans quelques jours.