Écrans noirs, claviers inertes, données inaccessibles… C’est la scène cauchemardesque à laquelle sont confrontées de plus en plus d’institutions ces derniers temps. Hôpitaux, mairies, entreprises… Aucune organisation ne semble à l’abri des cyberattaques, qui paralysent les systèmes informatiques et mettent des vies en danger. Face à ce fléau grandissant, certains font le choix radical de débrancher les ordinateurs pour revenir aux bons vieux papier et stylo. Une mesure temporaire qui interpelle sur notre dépendance au numérique.
Quand les pirates font la loi
Le nombre de cyberattaques explose. D’après une source proche des autorités, les ransomwares, ces virus qui chiffrent les données en échange d’une rançon, ont bondi de 150% en un an. Les attaques ciblent tout particulièrement les institutions, détentrices de données sensibles et vitales :
- Les hôpitaux, qui gèrent les dossiers médicaux des patients
- Les mairies, qui centralisent l’état civil et les documents administratifs
- Les écoles et universités, riches en informations personnelles
Un véritable cauchemar pour ces établissements, parfois contraints de stopper toute activité pendant des semaines le temps de payer la rançon ou de reconstruire le système. Une paralysie aux conséquences potentiellement dramatiques.
On était bloqués notamment sur la prise de rendez-vous pour les cartes d’identité et les passeports. On est retournés au crayon et au papier.
témoigne un employé municipal sous couvert d’anonymat
Le papier, ultime rempart ?
Pour éviter de subir le même sort, certains établissements font le pari osé d’éteindre préventivement leurs ordinateurs. C’est le cas de cette clinique qui a décidé de “couper ses accès informatiques” après l’attaque d’un site du même groupe. Consultations, prescriptions, plannings… Tout se fait désormais sur support papier.
La méthode a ses avantages : elle assure un service minimum et met les données essentielles hors de portée des cybercriminels. Mais gare à la désorganisation et à la perte d’efficacité ! Car le numérique facilite grandement la gestion, les échanges et le stockage. S’en passer du jour au lendemain relève de la gageure.
Former plutôt que déconnecter ?
Pour d’autres, la parade n’est pas de renoncer à l’informatique mais de mieux former les utilisateurs. Beaucoup de cyberattaques réussissent en exploitant l’inattention humaine, via des mails piégés ou des pièces jointes malveillantes. Sensibiliser les équipes aux risques et aux bons réflexes pourrait suffire à déjouer la majorité des tentatives.
C’est la voie choisie par certaines mairies, qui font appel à la police pour apprendre à leur personnel à repérer les premiers signes suspects :
- Un ralentissement soudain des ordinateurs
- L’apparition ou la disparition de fichiers
- Des demandes de rançon
L’an dernier, 1500 communes ont été piratées. Il est vital d’adopter les bons réflexes pour protéger notre patrimoine numérique.
insiste un consultant en sécurité
Le numérique malade de sa dépendance
Mais au-delà des mesures d’urgence, ces attaques révèlent notre vulnérabilité face à des outils dont nous sommes devenus totalement dépendants. Santé, éducation, transports… Aucun pan de notre vie n’échappe à l’emprise du numérique. Et toute panne, qu’elle soit accidentelle ou provoquée, tourne vite au chaos.
Faut-il y voir le signe qu’il est temps de desserrer le carcan technologique ? De réapprendre à fonctionner sans écrans, au moins pour les processus vitaux ? C’est un débat de société brûlant à l’heure où les incidents se multiplient.
Une chose est sûre : la transformation digitale effrénée de la dernière décennie se heurte aujourd’hui à un défi majeur de sécurité et de souveraineté. Sans un sursaut collectif, le rêve numérique pourrait vite tourner au cauchemar. Et dans ce domaine, difficile de fait “reset” en débranchant simplement la prise…