Malgré une position précaire à l’Assemblée nationale, le Premier ministre Michel Barnier ne manque pas d’ambition pour son pays. D’après nos informations, l’ancien négociateur du Brexit planche actuellement sur un vaste plan de réformes pour la France, qu’il compte dévoiler d’ici début décembre. Son objectif ? Imprimer sa marque et « faire des choses durables » pour le pays, avec un horizon de 5 ans allant jusqu’en 2029.
Un « projet fort » mêlant ruptures et concertation
Trois mots clés résument la philosophie du plan Barnier à venir : « persévérance, changement, rupture ». Un triptyque qui laisse présager des réformes d’ampleur, dans la lignée de celles initiées par Emmanuel Macron lors de son premier mandat. Le locataire de Matignon entend ainsi « proposer quelque chose d’assez fort » et « ne pas imposer » ses idées, mais plutôt les « soumettre au débat » auprès des Français.
Pour nourrir sa réflexion, Michel Barnier compte s’appuyer sur plusieurs sources. D’abord, en consultant à nouveau les cahiers de doléances remplis par les citoyens en 2019 lors de la crise des Gilets jaunes. Ensuite, en organisant deux séminaires gouvernementaux pour recueillir les propositions de ses ministres. L’objectif final étant de présenter un projet ambitieux et co-construit début décembre.
Des mesures phares attendues malgré un temps contraint
Si le Premier ministre reconnaît ne pas avoir « le temps de faire de grandes lois », il mise sur des « projets concrets » pouvant être mis en œuvre rapidement. Parmi les pistes évoquées : un livret d’épargne industriel pour flécher l’épargne des Français vers les entreprises, ou encore une allocation sociale unique pour simplifier le maquis des aides.
D’autres chantiers figureraient au programme, comme la reprise de la loi d’orientation agricole, la maîtrise de l’immigration, le travail sur la fin de vie, des mesures sur la réforme de l’État, la décentralisation ou le statut de l’élu local. Des sujets sensibles politiquement, sur lesquels le gouvernement devra composer avec des oppositions revigorées.
2029 en ligne de mire pour réduire le déficit
Au-delà des réformes de court terme, Michel Barnier affirme avoir une vision à 5 ans, avec 2029 comme horizon. L’objectif affiché étant de ramener le déficit public sous les 3% du PIB d’ici là, comme l’exigent les règles européennes. Un véritable défi au regard de la situation actuelle des finances publiques, avec un déficit attendu autour de 5% en 2025.
Je sais que je passe au-dessus de ma condition.
Michel Barnier, à propos de son plan de réformes à 5 ans
Un pari osé donc pour le Premier ministre, dont la longévité à Matignon reste incertaine. Mais aussi un moyen de se projeter au-delà de la prochaine élection présidentielle de 2027, lui qui a échoué à décrocher l’investiture de son camp en 2022. En dessinant un cap pour le pays, Michel Barnier espère sans doute aussi tracer son avenir politique.
Un écueil de taille : une majorité relative à l’Assemblée
Le principal obstacle aux ambitions réformatrices du gouvernement reste sa situation à l’Assemblée nationale. Depuis son arrivée à Matignon en septembre, Michel Barnier a dû composer avec une majorité relative et des oppositions frondeuses, qui ont déjà fait dérailler l’examen du budget 2025. Des passes d’armes qui risquent de se reproduire sur les futurs projets de loi, obligeant l’exécutif à d’intenses tractations.
Pour éviter l’enlisement, le Premier ministre mise sur la concertation en amont avec les forces politiques qui soutiennent le gouvernement. Mais aussi sur son expérience de négociateur chevronné, forgée lors des âpres discussions sur le Brexit. Reste à voir si ces atouts suffiront face à des oppositions qui voient dans chaque texte l’opportunité de marquer des points.
Conclusion
Avec ce plan de réformes à 5 ans, Michel Barnier veut imprimer sa marque et inscrire l’action du gouvernement dans la durée. Un projet ambitieux, qui mêle changements profonds et concertation citoyenne, avec l’objectif de redresser le pays d’ici 2029. Mais la route s’annonce semée d’embûches, entre une Assemblée nationale hostile et un calendrier contraint.
La réussite de ce pari dépendra de la capacité du Premier ministre à bâtir des consensus et à tenir bon cap malgré les tempêtes politiques. Un défi à la mesure de ce baron de la politique, rompu aux négociations de haut vol. Si son avenir à Matignon reste incertain, Michel Barnier semble déterminé à laisser une trace durable de son passage. Avec ce plan, il pose les premières pierres de son héritage.
