Alors que le conflit en Ukraine s’enlise et entre dans sa troisième année, tous les regards sont tournés vers l’élection présidentielle américaine de novembre prochain. En effet, le soutien indéfectible des États-Unis à l’Ukraine depuis le début de l’invasion russe pourrait vaciller en fonction des résultats dans les urnes. Car si les deux principaux prétendants à la Maison Blanche, Donald Trump et Kamala Harris, affirment chacun entretenir de bonnes relations avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, ils défendent des visions radicalement opposées sur la suite à donner à ce conflit qui déstabilise l’Europe et le monde.
Trump, le pari risqué d’une paix en 24 heures
Dans son programme, l’ancien président promet de “restaurer la paix en Europe” grâce à ses talents autoproclamés de négociateur. À plusieurs reprises, il s’est dit capable de mettre fin à la guerre en 24 heures, tout en restant évasif sur les moyens d’y parvenir.
Mais selon des informations du Washington Post en avril dernier, ce plan de paix pourrait se faire largement aux dépens de l’Ukraine. Kiev devrait en effet accepter d’abandonner une large partie de son territoire à la Russie.
Donald Trump menace par ailleurs de mettre un terme à l’aide financière, militaire et humanitaire à l’Ukraine, jugeant que l’argent américain doit aller en priorité aux Américains. Un coup dur pour Kiev, alors que les États-Unis sont de loin le pays qui a le plus soutenu l’Ukraine depuis le début du conflit, avec plus de 75 milliards d’euros versés entre janvier 2022 et juin 2024 selon le site Statista.
La menace d’un désengagement de l’Otan
Ces critiques sur l’aide américaine valent aussi pour l’Otan, dont Donald Trump a menacé de ne plus protéger les membres face à la Russie si leur contribution financière n’augmentait pas. De quoi fragiliser cette organisation sur laquelle compte pourtant Volodymyr Zelensky pour faire pression sur Moscou.
Côté russe, Vladimir Poutine ne cache pas sa préférence pour Donald Trump, saluant ses propos “sincères” sur sa volonté de mettre rapidement fin au conflit. Une perspective inquiétante pour l’Ukraine, qui craint de faire les frais d’un rapprochement américano-russe.
Harris, la continuité du soutien à Kiev
Face à lui, Kamala Harris semble vouloir poursuivre la politique de l’administration Biden dont elle est vice-présidente. Elle rappelle ainsi s’être rendue à Kiev cinq jours seulement avant l’invasion russe pour alerter Volodymyr Zelensky.
Dans son programme, la candidate démocrate promet de continuer à “soutenir nos alliés, s’opposer aux dictateurs et jouer un rôle de premier plan sur la scène mondiale”. Elle se félicite aussi d’avoir œuvré au renforcement de l’Otan, jugée “plus forte que jamais”.
Des propos rassurants pour l’Ukraine, même si Kamala Harris reste peu prolixe sur les détails de sa politique étrangère. Kiev espère surtout qu’en cas de victoire, elle poursuivra l’aide américaine vitale pour le pays.
L’Ukraine, spectatrice inquiète de l’élection américaine
À quelques semaines d’un scrutin annoncé très serré, le président Volodymyr Zelensky se garde bien de prendre parti, assurant avoir eu d’aussi bonnes relations avec Donald Trump qu’avec Kamala Harris.
Mais en coulisses, l’inquiétude est palpable à Kiev. Car au-delà des personnalités, c’est bien la pérennité du soutien américain à l’Ukraine qui est en jeu. Militairement et financièrement, mais aussi diplomatiquement, pour maintenir la pression sur la Russie.
Affaiblie, confrontée à une guerre d’usure qui s’éternise, l’Ukraine sait que sans les États-Unis à ses côtés, ses chances de l’emporter s’amenuisent. L’élection du 5 novembre prochain pourrait bien être aussi décisive pour le conflit que pour l’avenir de l’Amérique.