C’est un constat amer que dresse un récent article du Figaro sur le Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS). Cette institution, fer de lance de la recherche publique en France depuis 1939, semble aujourd’hui en proie à de profondes dérives, où le militantisme et l’entre-soi prennent le pas sur l’excellence et la rigueur scientifique.
Pourtant, les succès du CNRS ne manquent pas. Dernière consécration en date, le prix Nobel de physique remporté en 2022 par Alain Aspect pour ses travaux révolutionnaires en optique quantique. Une fierté pour la recherche française, qui masque cependant une réalité bien plus sombre.
La fuite des cerveaux, symptôme d’un malaise profond
Car derrière les réussites ponctuelles, c’est un véritable exode des talents qui s’opère. De nombreux chercheurs de renom, formés et initialement employés par le CNRS, finissent par s’expatrier vers des cieux plus cléments. À l’étranger, ils trouvent des conditions de travail et de rémunération bien plus attractives que ce que le CNRS est en mesure de leur offrir.
Cette fuite des cerveaux est révélatrice d’un malaise bien plus profond qui ronge l’institution. Selon des sources proches du dossier, le statut de fonctionnaire garanti à vie et l’entre-soi qui règne dans la répartition des postes et des financements seraient en cause.
Un recrutement opaque qui favorise le copinage
Le processus de recrutement au sein du CNRS est pointé du doigt. Loin d’être transparent et basé sur le mérite, il reposerait sur des réseaux informels et des logiques de cooptation. Les chercheurs déjà en poste auraient la mainmise sur le recrutement de leurs futurs collègues, favorisant ainsi la reproduction d’un entre-soi universitaire au détriment de l’ouverture et de la diversité des profils.
Cette opacité dans l’attribution des postes se double d’un manque criant de mobilité. Une fois intégrés au CNRS, les chercheurs bénéficient d’un statut de fonctionnaire qui leur garantit un emploi à vie. Si cette sécurité peut sembler enviable, elle contribue en réalité à scléroser le système en décourageant la prise de risque et la remise en question.
Militantisme et idéologie, au détriment de la science
Mais le mal est plus profond encore. Dans certaines disciplines, en particulier les sciences humaines et sociales, c’est le militantisme qui semble avoir pris le pas sur la rigueur scientifique. La sociologie est particulièrement touchée par ce phénomène.
Lorsque la répartition des postes, l’évaluation des chercheurs et l’attribution des financements obéissent à des logiques opaques d’entre-soi, voire de copinage, la porte est grande ouverte aux dérives militantes. Des courants de pensée radicaux, portés par une idéologie plus que par une démarche scientifique rigoureuse, peuvent ainsi prospérer en toute impunité.
Un constat alarmant, un sursaut nécessaire
Le constat est sévère, mais il est à la hauteur des enjeux. La recherche publique française, incarnée par le CNRS, ne peut se permettre de tomber dans le militantisme et le communautarisme. C’est l’excellence scientifique, l’innovation et le rayonnement international de notre pays qui sont en jeu.
Il est urgent de réformer en profondeur les modes de recrutement, d’évaluation et de financement du CNRS. Transparence, ouverture, diversité et mobilité doivent être les maîtres-mots. C’est à ce prix que la recherche française pourra retrouver son lustre d’antan et continuer à briller au firmament de la science mondiale. Le prix Nobel d’Alain Aspect doit être un signal d’alarme autant qu’une source d’espoir : l’excellence est toujours là, à nous de lui donner les moyens de s’exprimer pleinement.
