Lors d’un sommet historique au Vatican portant sur l’avenir de l’Église, une décision notable a été prise : la question épineuse de l’ordination des femmes au rang de diacre reste ouverte. Si aucune décision définitive n’a été arrêtée, cette ouverture marque néanmoins une évolution significative pour l’Église catholique, institution multiséculaire où la place des femmes fait débat.
Un discernement qui doit se poursuivre
C’est dans le document final de 51 pages, approuvé par le pape François lui-même, que l’on peut lire cette phrase lourde de sens : “La question de l’accès des femmes au ministère diaconal reste ouverte. Ce discernement doit se poursuivre”. Une formulation prudente, mais qui n’en demeure pas moins une avancée dans une Église où seuls les hommes peuvent accéder au ministère de diacre, qui permet de célébrer baptêmes, mariages et funérailles.
Le document reconnaît par ailleurs que si “les femmes et les hommes ont une dignité égale en tant que membres du peuple de Dieu”, “les femmes continuent à rencontrer des obstacles pour obtenir une plus grande reconnaissance” de leur rôle. Une acknowledgment en demi-teinte des difficultés rencontrées par les femmes dans l’institution.
Des rôles de direction encore flous
Le texte affirme qu’“il n’y a aucune raison ni aucun obstacle qui puisse empêcher les femmes d’exercer des rôles de direction dans l’Église”, sans pour autant préciser lesquels. La question de l’ordination des femmes prêtres, réclamée par de nombreuses associations en Europe et en Amérique du Nord, n’est quant à elle pas abordée. Un sujet qui reste tabou pour l’Église catholique.
Ce sommet, réuni depuis le 2 octobre, a rassemblé 368 personnes – religieux, évêques et laïcs dont des femmes – d’une centaine de pays pour débattre à huis clos de l’avenir de l’Église. Le paragraphe sur les femmes est d’ailleurs celui qui a rencontré le plus d’objections, avec 97 votes contre et 258 pour, signe des dissensions internes sur ce sujet délicat.
Des propositions concrètes, mais pas de révolution
Parmi les autres propositions du document final, on trouve une réorganisation de la formation des prêtres et une plus grande implication des laïcs, y compris dans la sélection des évêques. Mais aucune proposition concrète n’est formulée sur l’accueil des fidèles LGBT+, autre sujet qui divise l’Église.
Si le Synode est un organe consultatif dont les conclusions sont remises au pape, ce dernier a néanmoins créé la surprise en annonçant qu’il adoptait directement les propositions de l’assemblée, leur conférant ainsi une valeur officielle. Une manière pour François de faire avancer, à petits pas, une institution pluricentenaire souvent perçue comme figée.
Un fonctionnement plus horizontal, une révolution vaticane
Au-delà des sujets débattus, c’est le fonctionnement même de ce 16ème Synode qui marque une évolution. Fruit d’une large consultation des catholiques du monde entier depuis 2021, il s’est distingué par une approche plus horizontale, avec la participation inédite de laïcs et d’une cinquantaine de femmes. Une petite révolution dans les murs du Vatican.
Reste à voir maintenant comment ces propositions seront mises en œuvre concrètement dans les Églises locales, aux réalités très diverses. L’ouverture sur l’ordination des femmes diacres, si elle se confirme, pourrait en tout cas marquer une étape historique, même si le chemin vers l’égalité hommes-femmes dans l’Église catholique s’annonce encore long et semé d’embûches.
