Plus d’un an après le déclenchement d’une guerre dévastatrice entre Israël et le Hamas à Gaza, la situation sanitaire dans le nord de l’enclave palestinienne est plus alarmante que jamais. Tedros Adhanom Ghebreyesus, le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a tiré la sonnette d’alarme ce samedi, qualifiant la situation de “catastrophique”.
Des hôpitaux pris pour cible dans un contexte de grave pénurie
Alors que les affrontements militaires se poursuivent sans répit, y compris autour des infrastructures médicales, les établissements de santé peinent à faire face dans un contexte de pénuries aiguës. “Une grave pénurie de fournitures médicales, combinée à un accès sévèrement restreint, privent des gens de soins vitaux”, a déploré M.Tedros sur X (anciennement Twitter).
La situation est particulièrement critique à l’hôpital Kamal Adwan, le dernier établissement encore en fonctionnement dans le nord de Gaza, situé dans le camp de réfugiés surpeuplé de Jabalia. Vendredi, les forces israéliennes ont lancé un assaut sur cet hôpital, coûtant la vie à deux enfants selon le ministère de la Santé de Gaza. Le raid aurait également conduit à l’arrestation de centaines de membres du personnel, de patients et de déplacés qui avaient trouvé refuge dans l’établissement.
Si l’armée israélienne affirme ne pas avoir été informée de victimes, l’OMS a pu confirmer que trois soignants et un autre employé ont été blessés lors de cette attaque, tandis que des dizaines d’autres ont été arrêtés. Le Dr Tedros a dénoncé une situation intenable à Kamal Adwan :
Après l’arrestation de 44 employés masculins, seuls une employée, le directeur de l’hôpital et un docteur homme restent pour s’occuper de presque 200 patients ayant désespérément besoin de soins médicaux.
Un système de santé attaqué depuis plus d’un an
Au-delà de la situation dramatique à Kamal Adwan, c’est l’ensemble du système de santé gazaoui qui est au bord de l’effondrement, miné depuis plus d’un an par le blocus et les offensives successives. Le conflit a éclaté le 7 octobre 2023, lorsque le Hamas a lancé une attaque contre Israël, déclenchant une spirale meurtrière qui a fait 1206 morts côté israélien, majoritairement des civils, et 42.924 victimes à Gaza dont une grande part de civils également, d’après des bilans jugés crédibles par l’ONU.
Malgré l’ampleur des destructions et les appels répétés de la communauté internationale, aucun cessez-le-feu durable n’a pu être instauré. Et les infrastructures civiles, notamment médicales, continuent de payer un lourd tribut à ce conflit qui s’éternise. Le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus a martelé que ces attaques contre des installations hospitalières constituent “une violation de la loi humanitaire internationale”.
La communauté internationale appelée à réagir
Face à l’aggravation de la crise humanitaire, le patron de l’OMS a lancé un appel urgent à la communauté internationale pour obtenir un “cessez-le-feu immédiat et inconditionnel”, qu’il considère comme le seul moyen de sauver ce qui reste du système de santé gazaoui. Mais plus d’un an après le début des hostilités, et malgré les dégâts considérables, la perspective d’une trêve semble toujours aussi lointaine.
Pendant ce temps, la population de Gaza, déjà durement éprouvée par des années de blocus, continue de payer le prix fort de ce conflit qui n’en finit plus. Pénuries de médicaments, d’équipements, de personnel… Les hôpitaux sont débordés et peinent à soigner les victimes qui affluent chaque jour. Une situation intenable qui met en péril la vie de milliers de civils pris au piège des combats.
Le cri d’alarme du Dr Tedros sera-t-il cette fois entendu par la communauté internationale ? Ou faudra-t-il attendre un nouveau drame, comme celui de l’hôpital Kamal Adwan, pour que des mesures soient enfin prises afin de protéger les infrastructures de santé et de mettre un terme à cette guerre dévastatrice ? À Gaza, on craint que le pire soit malheureusement encore à venir si la situation n’évolue pas rapidement.