Imaginez la surprise d’Aggrey Rwetsiba, délégué ougandais au sommet de l’ONU sur la biodiversité, en découvrant l’immense miroir au-dessus de son lit dans sa chambre d’hôtel à Cali, en Colombie. Mais ce n’est pas un hôtel ordinaire : faute de places disponibles, lui et plusieurs autres délégués ont dû se loger dans des “motels de l’amour”, habituellement dédiés aux rendez-vous galants.
Une Situation Inédite pour les Délégués
Sur les 40 chambres du motel Deseos (“désirs” en espagnol), 12 ont été allouées aux participants de la COP16 dont la réservation a été annulée au dernier moment. Certains dorment dans un lit circulaire, d’autres avec une barre de pole-dance au milieu de la pièce. Pas d’armoire, juste une boîte avec trappe pour un service discret, ces chambres se louant normalement pour 3, 6 ou 12 heures maximum.
M. Rwetsiba a dû accrocher ses costumes pour les deux semaines du forum à la vitre de douche, qui donne directement sur le lit. “Je ne suis pas sûr de bien comprendre la particularité de ce motel, mais j’ai remarqué des choses très particulières comme le miroir au plafond. Je n’avais jamais vu ça”, s’amuse-t-il. Les tenanciers ont improvisé une table pour qu’il puisse poser son ordinateur près de l’unique prise murale.
Des Adaptations pour Accueillir au Mieux
Diana Echeverry, directrice du Motel Deseos, indique fièrement avoir “un peu adapté l’établissement afin de pouvoir accueillir les hôtes de la COP16”. Les chambres les plus luxueuses, normalement équipées de jacuzzis, écrans pour films érotiques, lumières de discothèque ou “chaises de l’amour”, ont été réaménagées. Le tarif journalier a été fixé à 150.000 pesos (32 euros), petit-déjeuner inclus servi dans des bureaux reconvertis en salle de restaurant.
Cette solution de dernière minute arrange bien Mme Echeverry : “Cela permet d’avoir des chambres occupées pendant plusieurs jours, tout en gardant des disponibilités pour nos clients habituels”. Cali, qui accueille le sommet depuis le désistement de la Turquie cet été, fait face à un afflux de 23.000 participants, bien plus que prévu initialement.
Le Bouche-à-Oreille des Motels
Ravi des équipements du Motel Deseos, M. Rwetsiba en a parlé autour de lui. Désormais, cinq autres délégués ougandais, dont une femme, y dorment aussi, dans des chambres “plus confortables que de nombreux hôtels traditionnels” et à un prix avantageux. “Nous sommes tous contents !” se réjouit-il.
Ces “motels de l’amour”, aux noms évocateurs comme “Aphrodita”, “Kama Sutra” ou “Cupido”, sont courants en Amérique du Sud. Prisés des jeunes couples ou d’autres voulant pimenter leur routine, ils garantissent surtout une totale discrétion à leurs clients. Une qualité appréciée aussi, pour d’autres raisons, par ces délégués d’un genre particulier.
C’est très bien, très propre. On peut même sortir directement sur le parking privé, derrière un portail roulant.
Aggrey Rwetsiba, délégué ougandais satisfait de son motel
Une situation insolite qui restera dans les mémoires de ce sommet exceptionnel à plus d’un titre. La Colombie, qui a relevé le défi d’accueillir l’événement en quelques mois, fait preuve de créativité pour loger tout le monde. Même si cela implique de transformer le temps de la COP16 ces lieux dédiés habituellement à de tout autres rencontres internationales…
