Alors que le conflit entre Israël et le Hamas fait rage à Gaza, les tensions montent dangereusement entre la Jordanie et l’État hébreu. Deux attaques menées par des Jordaniens contre des soldats israéliens ces dernières semaines témoignent d’une profonde indignation dans le royaume hachémite, qui entretient d’étroits liens avec les Palestiniens.
Une population jordanienne en colère
D’après des experts, les Jordaniens « bouillonnent de colère » face à la guerre menée par Israël contre le mouvement islamiste palestinien à Gaza. La mort du chef du Hamas Yahya Sinouar, tué par l’armée israélienne mi-octobre, a particulièrement choqué.
De nombreux Jordaniens perçoivent les auteurs des deux récentes attaques anti-israéliennes comme des « martyrs héroïques ». Certains sont même allés jusqu’à les célébrer avec des feux d’artifice dans la capitale Amman.
Une frontière sous haute tension
Le 18 octobre, deux membres jordaniens des Frères musulmans ont été tués après avoir ouvert le feu sur des soldats israéliens au sud de la mer Morte, blessant légèrement un soldat et un réserviste. Un mois plus tôt, un chauffeur de camion jordanien avait abattu trois vigiles israéliens au point de passage d’Allenby entre la Cisjordanie occupée et la Jordanie.
Mener des attaques reste le seul moyen d’exprimer leur solidarité avec les Palestiniens.
Labib Kamhawi, politologue jordanien
La Jordanie sous pression
Près de la moitié de la population jordanienne est d’origine palestinienne. Le royaume, qui a signé un traité de paix avec Israël en 1994, s’efforce de jouer les médiateurs. Mais il est sous la pression croissante d’une opinion publique réclamant des mesures concrètes contre l’État hébreu.
Selon des analystes, certains Jordaniens, en particulier dans les mouvements islamistes et nationalistes, estiment que les manifestations ne suffisent plus. Ils souhaiteraient des actions plus fortes comme la suspension des échanges commerciaux ou la rupture des liens diplomatiques.
Une issue diplomatique possible ?
Face à la colère généralisée de sa population, le gouvernement jordanien cherche une issue diplomatique à la guerre à Gaza. Mais la tâche s’annonce ardue. Le Premier ministre Bisher Al-Khasawneh a prévenu qu’Amman ne serait « pas un lieu de conflit » et n’accepterait pas de « mettre en péril l’avenir du pays ».
Malgré la gravité de la situation, les autorités jordaniennes n’ont pas officiellement condamné les récentes attaques anti-israéliennes. Un silence assourdissant qui en dit long sur leur embarras et la complexité de leur position. Pris en étau entre les exigences de la rue et les impératifs géostratégiques, le royaume hachémite marche sur des œufs.
Jusqu’où ira la patience des Jordaniens face au drame palestinien ? Alors que la guerre fait rage à Gaza, la poudrière jordano-israélienne pourrait bien s’embraser à tout moment.