Une page se tourne dans les relations entre la France et le Maroc. Après trois années de brouille marquées par des invectives et une mésentente au sommet, le Président français Emmanuel Macron entame ce lundi une visite d’État de trois jours au Royaume chérifien. L’objectif affiché est clair : redonner un lustre et une nouvelle ambition au partenariat franco-marocain pour les 30 années à venir.
Cette visite, répondant à une invitation du Roi Mohammed VI lancée fin septembre, marque une volonté commune des deux pays de raffermir leurs liens solides et enracinés. Un ton résolument optimiste qui contraste avec la période de crise récente où certains médias proches du pouvoir marocain menaient campagne contre la France, lui reprochant entre autres une “duplicité” sur le dossier du Sahara occidental et un “tropisme algérien”.
Mohammed VI accueillera Macron en grande pompe
Pour marquer l’importance de l’événement et tourner définitivement la page des contentieux, le roi Mohammed VI en personne réservera un accueil fastueux à son homologue français à son arrivée à l’aéroport de Rabat, avec une salve de 21 coups de canon. Ensuite, les deux chefs d’État rejoindront le palais royal à bord d’une voiture d’apparat pour un entretien en tête-à-tête et une cérémonie de signature d’accords dans des domaines clés comme l’énergie, l’eau, l’éducation ou la sécurité intérieure.
Un dîner d’État sera également donné en l’honneur du couple présidentiel français le mardi soir. Emmanuel Macron prononcera par ailleurs une allocution devant le Parlement marocain et participera à un forum économique réunissant chefs d’entreprises et investisseurs des deux pays.
Sahara occidental et immigration au cœur des discussions
Au-delà du réchauffement diplomatique, cette visite sera l’occasion d’aborder des sujets qui ont tendu les relations ces dernières années entre Paris et Rabat. En premier lieu, la question épineuse du Sahara occidental, ce territoire contesté que le Maroc considère comme sien mais dont la souveraineté n’est pas reconnue par la communauté internationale. Après une déclaration du président Macron en juillet dernier considérant que “l’avenir du Sahara occidental s’inscrit dans le cadre de la souveraineté marocaine”, une nouvelle approche française semble se dessiner sur ce dossier.
L’autre pomme de discorde concerne l’immigration clandestine. La France souhaite une meilleure coopération du Maroc pour faciliter le retour des ressortissants marocains en situation irrégulière sur le territoire français. Un dialogue jugé nécessaire par le nouveau Premier ministre Michel Barnier qui entend remettre ce sujet sur la table “dans un esprit constructif”, alors que Paris avait drastiquement réduit les visas accordés aux Marocains pour faire plier Rabat, créant une crise diplomatique.
Le Maroc, un “hub” et un partenaire clé pour la France en Afrique
Au-delà des contentieux, la France voit dans le Maroc un allié stratégique majeur en Afrique. Le royaume chérifien, puissance régionale montante, a vocation selon Paris à devenir un véritable “hub entre l’Europe et l’Afrique”, sur le plan économique, sécuritaire et en termes d’infrastructures, avec de grands projets comme l’interconnexion électrique.
La France va s’appuyer sur le Maroc en Afrique et au Sahel, où elle a beaucoup perdu en influence là où le royaume ne cesse d’en gagner.
Khadija Mohsen-Finan, politologue spécialiste du Maghreb
Ce réchauffement des relations offre aussi de nouvelles perspectives pour les entreprises françaises, très présentes au Maroc avec près d’un millier d’implantations dont la quasi-totalité du CAC 40. Certains grands contrats pourraient être finalisés à l’occasion de la visite, comme une vente d’hélicoptères Caracal aux forces armées marocaines.
Autres axes de coopération en vue : l’organisation par le Maroc de grands événements sportifs comme la Coupe d’Afrique des Nations 2025 et le Mondial 2030, pour lesquels la France compte mettre à disposition son expertise, forte de l’expérience des JO de Paris. Autant d’opportunités de raffermir les liens entre les deux pays.
Une visite pour tourner définitivement la page ?
Si l’optimisme est clairement de mise côté français avec cette visite, il faudra cependant plus que des symboles et des déclarations d’intention pour remettre durablement les relations franco-marocaines sur de bons rails. Les dossiers qui fâchent comme le Sahara ou l’immigration seront un test de la solidité retrouvée du partenariat.
La France devra aussi composer avec un Maroc plus souverain et décomplexé sur la scène internationale, qui n’hésite plus à diversifier ses alliances, notamment avec la Chine ou la Russie. Un nouveau rapport de force dont Paris doit tenir compte pour préserver son influence dans la région.
Cette visite d’État, la première d’un président français au Maroc depuis 2013, ouvre en tout cas une séquence diplomatique importante. Elle sera scrutée de près, au Maghreb et au-delà, pour voir si la France et le Maroc réussissent leur pari de repartir sur des bases saines. L’avenir de leur partenariat, crucial pour les deux rives de la Méditerranée, en dépend.
Au-delà du réchauffement diplomatique, cette visite sera l’occasion d’aborder des sujets qui ont tendu les relations ces dernières années entre Paris et Rabat. En premier lieu, la question épineuse du Sahara occidental, ce territoire contesté que le Maroc considère comme sien mais dont la souveraineté n’est pas reconnue par la communauté internationale. Après une déclaration du président Macron en juillet dernier considérant que “l’avenir du Sahara occidental s’inscrit dans le cadre de la souveraineté marocaine”, une nouvelle approche française semble se dessiner sur ce dossier.
L’autre pomme de discorde concerne l’immigration clandestine. La France souhaite une meilleure coopération du Maroc pour faciliter le retour des ressortissants marocains en situation irrégulière sur le territoire français. Un dialogue jugé nécessaire par le nouveau Premier ministre Michel Barnier qui entend remettre ce sujet sur la table “dans un esprit constructif”, alors que Paris avait drastiquement réduit les visas accordés aux Marocains pour faire plier Rabat, créant une crise diplomatique.
Le Maroc, un “hub” et un partenaire clé pour la France en Afrique
Au-delà des contentieux, la France voit dans le Maroc un allié stratégique majeur en Afrique. Le royaume chérifien, puissance régionale montante, a vocation selon Paris à devenir un véritable “hub entre l’Europe et l’Afrique”, sur le plan économique, sécuritaire et en termes d’infrastructures, avec de grands projets comme l’interconnexion électrique.
La France va s’appuyer sur le Maroc en Afrique et au Sahel, où elle a beaucoup perdu en influence là où le royaume ne cesse d’en gagner.
Khadija Mohsen-Finan, politologue spécialiste du Maghreb
Ce réchauffement des relations offre aussi de nouvelles perspectives pour les entreprises françaises, très présentes au Maroc avec près d’un millier d’implantations dont la quasi-totalité du CAC 40. Certains grands contrats pourraient être finalisés à l’occasion de la visite, comme une vente d’hélicoptères Caracal aux forces armées marocaines.
Autres axes de coopération en vue : l’organisation par le Maroc de grands événements sportifs comme la Coupe d’Afrique des Nations 2025 et le Mondial 2030, pour lesquels la France compte mettre à disposition son expertise, forte de l’expérience des JO de Paris. Autant d’opportunités de raffermir les liens entre les deux pays.
Une visite pour tourner définitivement la page ?
Si l’optimisme est clairement de mise côté français avec cette visite, il faudra cependant plus que des symboles et des déclarations d’intention pour remettre durablement les relations franco-marocaines sur de bons rails. Les dossiers qui fâchent comme le Sahara ou l’immigration seront un test de la solidité retrouvée du partenariat.
La France devra aussi composer avec un Maroc plus souverain et décomplexé sur la scène internationale, qui n’hésite plus à diversifier ses alliances, notamment avec la Chine ou la Russie. Un nouveau rapport de force dont Paris doit tenir compte pour préserver son influence dans la région.
Cette visite d’État, la première d’un président français au Maroc depuis 2013, ouvre en tout cas une séquence diplomatique importante. Elle sera scrutée de près, au Maghreb et au-delà, pour voir si la France et le Maroc réussissent leur pari de repartir sur des bases saines. L’avenir de leur partenariat, crucial pour les deux rives de la Méditerranée, en dépend.