Une nouvelle terrible nous parvient du Soudan, pays en proie à une guerre sanglante depuis avril 2023. Selon un groupe prodémocratie local, au moins 50 personnes ont été tuées et plus de 200 blessées lors d’une attaque des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) qui ont assiégé des villages entiers dans le centre du pays.
C’est dans l’État d’Al-Jazira, au sud de Khartoum, que ces violences ont eu lieu. D’après le Comité de résistance de Hasaheisa, les villages d’al-Sariha et d’Azraq ont été pris pour cible par les hommes armés des FSR, dirigés par le général Mohamed Hamdane Daglo. Un bilan effroyable qui ne cesse de s’alourdir, alors que l’évacuation des blessés est rendue impossible « en raison des bombardements et des tireurs embusqués ».
Une situation humanitaire catastrophique
Ce drame s’inscrit dans un contexte de conflit d’une rare intensité, qui ravage le Soudan depuis maintenant plusieurs mois. Les affrontements entre les FSR et l’armée régulière, menée par le général Abdel Fattah al-Burhane, auraient déjà fait des dizaines de milliers de morts, même si les bilans réels sont impossibles à établir en raison de l’interruption presque totale des communications.
Face à cette situation désastreuse, le syndicat des médecins soudanais a lancé un appel aux Nations unies pour faire pression et obtenir des couloirs humanitaires sûrs. En effet, dans la plupart des villages de la région, les centres de soins d’urgence ont dû fermer leurs portes, rendant les opérations de sauvetage quasi-impossibles.
Des civils pris pour cible
Selon plusieurs sources, les paramilitaires des FSR auraient intensifié ces derniers temps les violences contre les populations civiles dans l’État d’Al-Jazira, notamment après que leur commandant local a rallié les rangs de l’armée régulière. Des actes qui pourraient s’apparenter à des crimes de guerre, les belligérants étant accusés de viser délibérément les civils et de bloquer l’aide humanitaire.
Les villages d’al-Sariha et d’Azraq subissent un siège total, confrontés aux mêmes violations qu’al-Sariha.
Le Comité de résistance de Hasaheisa
Pour le Comité de résistance, il ne fait aucun doute que ces villages font face à un véritable « génocide aux mains de la milice des FSR ». Une accusation grave, qui témoigne de l’horreur qui se joue actuellement au Soudan, loin des regards de la communauté internationale.
Un pays à feu et à sang
Depuis le début du conflit en avril 2023, le Soudan est plongé dans un chaos indescriptible. Les affrontements entre les deux généraux rivaux, qui se disputent le pouvoir depuis le coup d’État d’octobre 2021, ont fait voler en éclats les espoirs de transition démocratique nés de la révolution de 2019.
Aujourd’hui, c’est un pays exsangue, ravagé par les combats et les exactions, qui tente de survivre tant bien que mal. Selon l’ONU, plus de 10 millions de personnes ont été déplacées par les violences, jetées sur les routes de l’exil dans des conditions souvent dramatiques.
Face à cette tragédie, la communauté internationale semble impuissante. Les appels au cessez-le-feu et au dialogue lancés par les Nations unies et les puissances régionales sont restés lettre morte, les deux camps refusant pour l’heure de déposer les armes.
Un avenir incertain
Dans ce contexte, l’avenir du Soudan apparaît plus que jamais incertain. Alors que le pays était vu il y a encore peu comme un symbole d’espoir, un modèle de révolution pacifique dans une région tourmentée, il est aujourd’hui au bord du gouffre, déchiré par des luttes de pouvoir qui semblent sans fin.
Pour les millions de Soudanais pris au piège de cette guerre, l’urgence est aujourd’hui de survivre, de trouver un abri, de la nourriture, des soins. Une urgence humanitaire absolue, qui nécessite une mobilisation immédiate de la communauté internationale, avant qu’il ne soit trop tard.
Car derrière les chiffres effroyables, derrière les villages assiégés et les populations déplacées, ce sont des vies brisées, des familles décimées, des espoirs anéantis. Un drame humain d’une ampleur inouïe, qui restera comme une tache indélébile dans l’histoire de ce jeune pays, qui rêvait il y a peu encore de liberté et de démocratie.