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Dépenses des collectivités : le surcoût du matériel en question

Alors que la rigueur budgétaire est de mise, les collectivités payent parfois leur matériel au prix fort. Une enquête édifiante sur un phénomène inquiétant qui soulève de nombreuses questions...

À l’heure où le gouvernement traque la moindre dépense superflue, un constat interpelle : les collectivités territoriales payent souvent leur matériel à des prix exorbitants. Un phénomène d’autant plus préoccupant que ces achats représentent pas moins de 15% de la commande publique chaque année, soit plus de 13 milliards d’euros. Mais peut-on réellement parler de gaspillage de l’argent public ?

Des exemples édifiants

Direction Fleury, petite commune de la Manche. Pour équiper l’aire de jeu de l’école il y a un an et demi, la municipalité a dû débourser 6000 euros, sans compter la pose. En cause : l’obligation d’installer des tapis amortisseurs aux normes. “Ça représente quand même un budget assez important par rapport au budget communal”, souligne le maire Daniel Vesval. Pour s’équiper, la mairie a consulté les catalogues des centrales d’achat publiques. Problème : leurs tarifs sont jugés trop élevés. Exemple frappant avec un tableau vendu 500 euros, contre seulement 200 euros sur Internet.

La valeur ajoutée des centrales d’achat en question

Alors, peut-on parler de gaspillage ? Non, à en croire Edward Jossa, PDG de l’UGAP, la plus grosse centrale d’achat publique. Il met en avant “tout ce travail autour de la qualité de l’achat, de bout en bout, qui fait notre valeur”. Avant tout achat, des personnels accompagnent les collectivités dans leurs choix. Un service après-vente est aussi assuré. Mais les acheteurs publics ne sont pas obligés de passer par ces centrales, comme le rappelle Edward Jossa.

Des collectivités contraintes par un cadre strict

Au lycée professionnel Georges Charpak, dans l’Ain, la secrétaire générale traque les meilleurs prix sur le web. Un travail chronophage mais payant. Exemple avec des chasubles de sport déniché à 10 euros les quatre, contre 18,52 euros via les circuits officiels. Mais les établissements publics doivent respecter des règles strictes : demander au moins trois devis, rentrer les factures dans une plateforme en ligne… Autant de formalités qui poussent de nombreuses administrations à se tourner vers les centrales d’achat par facilité.

“C’est de l’investissement personnel, du temps. Ce n’est pas toujours facile à trouver parce qu’on n’a pas que les commandes à gérer.”

Christine Teston, secrétaire générale de lycée

Des règles nécessaires selon le gouvernement

Pour le gouvernement, ces formalités répondant au droit européen sont indispensables. Elles assurent “une certaine équité et une égalité d’accès aux différents fournisseurs” pour les commandes publiques, plaide François Adam, directeur des achats de l’État. Pas question donc de revoir ces règles pour générer des économies. Les collectivités devront trouver d’autres leviers pour contribuer à la rigueur budgétaire.

Repenser les achats publics, un défi majeur

Au final, difficile de parler de gabegie généralisée. Mais force est de constater que le système actuel favorise parfois des achats au prix fort. Un paradoxe à l’heure où chaque euro compte. Pour y remédier, plusieurs pistes méritent réflexion :

  • Assouplir certaines règles pour permettre aux acheteurs publics de privilégier plus facilement le moins-disant
  • Renforcer la transparence sur les prix pratiqués par les centrales d’achat
  • Mutualiser davantage les achats entre collectivités pour peser dans les négociations
  • Mieux former les personnels chargés des achats à la recherche d’économies

Autant de leviers à activer pour conjuguer respect des règles et gestion optimisée des deniers publics. Un défi majeur à l’heure où l’État cherche à faire des économies tous azimuts. Les collectivités territoriales, en première ligne, devront faire preuve d’inventivité pour y parvenir sans rogner sur la qualité du service rendu aux citoyens. Un équilibre délicat, mais nécessaire en ces temps de disette budgétaire.

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