En pleine saison de Top 14, le Montpellier Hérault Rugby se retrouve dans une situation inédite. Le club est en effet le seul de l’élite à arborer un maillot vierge de tout sponsor dans le dos. Un constat qui intrigue et soulève des questions sur l’attractivité actuelle du MHR auprès des partenaires.
Un maillot qui interpelle dans le milieu
Alors que la moindre parcelle des tuniques est aujourd’hui exploitée à des fins publicitaires, l’absence de sponsor dans le dos des joueurs montpelliérains détonne. Tressol-Chabrier, qui occupait cet emplacement la saison passée, n’a pas renouvelé son engagement. Depuis, le club s’active en coulisses pour dénicher un remplaçant, mais sans succès pour le moment.
Du côté du MHR, on assure que les objectifs de partenariat seront atteints cette saison. Le nombre de sponsors serait resté stable, avec une cinquantaine de nouveaux venus pour compenser une soixantaine de départs. La liste compterait plus de 200 entreprises, dont une dizaine de partenaires “majeurs” comme les sponsors maillot.
Le groupe Altrad, partenaire N°1 incontournable
Parmi ces sponsors de choix figure en première ligne le groupe Altrad, du nom du président-mécène du club Mohed Altrad. Un récent rapport de la chambre régionale des comptes d’Occitanie a souligné à quel point les injections régulières du milliardaire permettent de maintenir le MHR à flot financièrement.
Entre 2018 et 2022, le contrat de sponsoring entre le club et la société Altrad Investment Authority s’élevait à 29 millions d’euros, soit plus de 7 millions d’euros par saison en moyenne. D’après certaines estimations, cela représenterait plus de la moitié des revenus de partenariat du MHR. Sans la générosité de son président, le club serait dans une situation nettement plus délicate.
L’affaire Laporte-Altrad et ses répercussions
Mais le lien étroit entre le MHR et son mécène semble aussi avoir un revers. Selon des sources proches de certains sponsors majeurs, l’image écornée de Mohed Altrad suite à “l’affaire Laporte-Altrad” aurait refroidi des partenaires. Fin 2022, le procès pour corruption et trafic d’influence impliquant le président du MHR et Bernard Laporte, alors patron de la FFR, aurait inquiété plusieurs entreprises.
Des sponsors comme Tressol-Chabrier ou le groupe Septeo ne voudraient plus être associés à Mohed Altrad et Bernard Laporte, aujourd’hui directeur du rugby à Montpellier.
Une source proche du dossier
Le recrutement de Bernard Laporte au club en novembre dernier, avant son procès en appel, n’aurait fait qu’accentuer le malaise. Des résultats sportifs en chute libre et des choix de recrutement controversés, comme ceux de Mohamed Haouas et Wilfrid Hounkpatin condamnés pour violences conjugales, ou Stuart Hogg bientôt jugé pour harcèlement conjugal, auraient aussi terni l’image du MHR.
Le défi de redorer le blason du club
Face à ces différents écueils, le club doit relever le défi de reconquérir des partenaires. Cela passera d’abord par de meilleurs résultats sur le terrain, loin de la 10e place actuelle en Top 14.
Mais au-delà de l’aspect purement sportif, le MHR devra surtout retrouver une image plus vertueuse. Un retour aux valeurs de l’ovalie et une politique de recrutement exemplaire seront essentiels pour rassurer des sponsors exigeants sur les questions d’éthique et de responsabilité.
La route s’annonce ardue mais pas impossible pour le club héraultais. Avec un public fidèle et passionné, un centre de formation réputé et des infrastructures de qualité, Montpellier dispose de sérieux atouts pour rebondir. Il faudra cependant du temps et des actes forts pour effacer les stigmates des récentes affaires et renouer avec un cercle vertueux aussi bien sur les terrains qu’en dehors.