Un drame a eu lieu ce jeudi soir dans un petit commissariat de Bosnie-Herzégovine. Un adolescent à peine âgé de 14 ans y a fait irruption, armé d’un couteau. En quelques secondes, il a mortellement poignardé un policier et blessé un autre avant d’être maîtrisé. Un acte d’une violence rare qui a choqué tout le pays.
Très vite, les autorités locales se sont mises en branle pour tenter de comprendre ce qui a pu pousser ce jeune à commettre un tel acte. Une opération nocturne de grande envergure a été lancée, avec perquisitions et interpellations en série. Au petit matin, le bilan était lourd : huit personnes arrêtées au total, dont sept dans la seule ville de Bosanska Krupa où s’est déroulé le drame.
Mais les policiers n’ont pas fait que passer les menottes. Selon une source proche de l’enquête, une quantité importante d’armes, de munitions, mais aussi du matériel informatique, des téléphones et des documents écrits en arabe ont été saisis lors des perquisitions. De quoi alimenter les soupçons autour d’une possible radicalisation islamiste du jeune assaillant.
L’hypothèse du terrorisme islamiste
Si la prudence reste de mise à ce stade, la piste de l’extrémisme religieux est clairement explorée par les enquêteurs. Le parquet a d’ailleurs qualifié l’attaque de “terroriste”, estimant que l’objectif était “d’intimider la population” en s’en prenant à un symbole de l’autorité.
En analysant l’activité en ligne de l’adolescent, les experts en anti-terrorisme ont relevé des contenus suggérant qu’il avait pu être endoctriné et radicalisé. Un phénomène malheureusement en expansion ces dernières années, y compris parmi les plus jeunes.
Bien sûr que nous allons vérifier si ce mineur a été incité à commettre son acte et s’il y a un groupe extrémiste derrière lui.
Merima Mesanovic, procureure
L’ombre de Daech plane sur les Balkans
Si elle se confirme, cette attaque risque de raviver le douloureux souvenir du djihad qui a marqué les Balkans il y a quelques années. Entre 2012 et 2016, plus de 250 Bosniens, dont de nombreuses femmes et enfants, étaient partis grossir les rangs de l’État islamique en Syrie et en Irak.
Malgré la défaite militaire de Daech, l’idéologie djihadiste continue de faire des émules dans la région, surfant sur un terreau de pauvreté et de tensions intercommunautaires. Un cocktail explosif qui favorise les dérives les plus extrêmes, y compris chez certains très jeunes.
Un islam majoritairement modéré mais des poches de radicalité
Pourtant, l’écrasante majorité des musulmans de Bosnie, qui représentent environ la moitié de la population, pratique un islam tolérant et modéré. Mais dans l’ombre, des mouvances beaucoup plus radicales tentent de gagner du terrain, n’hésitant pas à embrigader des adolescents.
Face à cette menace, les autorités tentent de réagir, multipliant les coups de filet comme celui de la nuit dernière. Mais la tâche s’annonce ardue pour endiguer cette lame de fond et empêcher d’autres drames comme celui qui vient d’endeuiller la Bosnie.
Nous devons protéger notre jeunesse de ces idéologies mortifères. C’est un combat de tous les jours qui engage toute la société.
Un responsable politique local
Au-delà de la traque des réseaux extrémistes, c’est un véritable travail de prévention et d’éducation qu’il faudra mener sur le long terme. Pour que plus jamais un adolescent ne se transforme en assassin fanatisé, pour que plus jamais un policier ne tombe sous les coups d’un enfant armé. La Bosnie, comme toute l’Europe, va devoir se mobiliser pour gagner cette bataille des cœurs et des esprits. Une bataille dont l’issue façonnera le visage de nos sociétés pour les décennies à venir.