Incroyable mais vrai : un homme arrêté en marge du passage de la flamme olympique à Bordeaux, dans une zone qui lui était pourtant interdite en raison de ses antécédents d’apologie du terrorisme, s’en tire avec une simple amende de 600 euros. Un verdict qui soulève l’indignation générale à l’approche des Jeux Olympiques de Paris 2024.
Le parquet avait requis de la prison ferme
Le jeune homme de 23 ans, déjà condamné par le passé pour des propos pro-djihadistes, était visé par une mesure individuelle de contrôle administratif et de surveillance (Micas). Celle-ci lui interdisait formellement de se trouver dans le secteur où transitait le relais de la flamme olympique ce jeudi à Bordeaux. Mais il a délibérément enfreint cette obligation.
Face à cette violation caractérisée, le parquet avait requis une peine de 5 à 6 mois de prison ferme, à purger sous bracelet électronique. Une sanction qui semblait proportionnée au vu du profil inquiétant de l’individu, pointé du doigt par le ministère de l’Intérieur lui-même comme étant “particulièrement surveillé” et “issu de la mouvance islamiste”.
Une excuse invraisemblable
Mais contre toute attente, le tribunal correctionnel n’a pas suivi ces réquisitions. La défense de l’accusé a en effet plaidé qu’il voulait simplement “aller se chercher un sandwich”, minimisant la gravité de l’infraction. “J’étais conscient que j’étais en infraction mais vu l’heure qu’il était, la flamme était déjà partie“, s’est ainsi justifié le prévenu à la barre. Un argumentaire pour le moins léger étant donné le contexte.
Il connaissait les règles du jeu. La justice doit être un élément d’autorité, il ne faut pas brandir de sabre de bois.
Frédérique Porterie, procureure de la République à Bordeaux
Une soixantaine de Micas en cours
Selon un communiqué du ministère de l’Intérieur, 77 mesures de contrôle et de surveillance visant la mouvance islamiste et jihadiste sont actuellement en cours dans la perspective des Jeux Olympiques de Paris 2024. Un dispositif préventif destiné à écarter les individus potentiellement dangereux des sites et événements liés aux JO.
Mais cette affaire bordelaise démontre les failles béantes du système. Si les personnes fichées pour radicalisation peuvent violer aussi facilement les interdictions qui leur sont faites, sans être réellement sanctionnées derrière, c’est toute la crédibilité de la stratégie d’entrave qui est remise en cause. Les Français sont en droit d’attendre une réponse pénale bien plus ferme face à ce type de profils ultra-sensibles.
D’autres cas similaires à prévoir
Un autre prévenu placé sous Micas, interpellé le même jour à Pessac près de Bordeaux, a écopé d’une amende légèrement supérieure de 960 euros. Mais là encore, on est loin du signal fort espéré. Avec plus d’une soixantaine de mesures de surveillance du même type actuellement actives sur tout le territoire, il y a fort à parier que ce genre de violations se reproduira à l’approche de l’événement planétaire que constituent les JO.
Il est temps que la justice prenne la mesure de l’enjeu sécuritaire et adresse un message de fermeté sans ambiguïté aux individus radicalisés. Céder à la facilité comme à Bordeaux, c’est leur donner un blanc-seing pour défier l’autorité de l’État. Avec tous les risques que cela comporte en termes de menace terroriste. Les Français attendent des actes, pas des incantations.