Une affaire scandaleuse éclabousse actuellement le monde de la mode aux États-Unis. Mike Jeffries, l’ancien PDG de la marque Abercrombie & Fitch, a été inculpé de trafic sexuel et proxénétisme par la justice new-yorkaise. Les faits qui lui sont reprochés sont d’une extrême gravité.
Un système bien rodé de recrutement de prostitués
Selon les éléments de l’enquête, Mike Jeffries et son compagnon Matthew Smith auraient mis en place et entretenu pendant plusieurs années un véritable réseau organisé de prostitution masculine. Les deux hommes sont soupçonnés d’avoir recruté de jeunes hommes pour avoir des relations sexuelles tarifées avec eux entre 2008 et 2015.
Un complice présumé, James Jacobson, aurait servi de rabatteur pour alimenter ce réseau en nouvelles recrues. Au total, 16 chefs d’accusations ont été retenus contre l’ex-patron d’Abercrombie, dont certains sont passibles de la réclusion criminelle à perpétuité. Les trois hommes ont été arrêtés et présentés à la justice en début de semaine.
Un contrôle judiciaire strict pour l’ex-PDG
Lors de sa comparution devant un tribunal fédéral de New York vendredi, Mike Jeffries a plaidé non coupable de l’ensemble des faits qui lui sont reprochés. Le juge l’a laissé libre sous caution, mais sous de strictes conditions :
- Versement d’une caution de 10 millions de dollars
- Assignation à résidence
- Port d’un bracelet électronique
- Interdiction de tout contact avec ses co-accusés, témoins ou victimes présumées
Son compagnon Matthew Smith a quant à lui été placé en détention provisoire dans l’attente d’une nouvelle audience. Le troisième suspect, James Jacobson, a également plaidé non coupable et a été remis en liberté contre une caution de 500 000 dollars.
L’homme qui avait fait le succès d’Abercrombie
Cette affaire porte un nouveau coup dur à la réputation de Mike Jeffries, déjà bien écornée ces dernières années. Patron emblématique d’Abercrombie & Fitch de 1992 à 2014, il est considéré comme celui qui a révolutionné l’image de la marque pour en faire l’une des enseignes préférées des ados et jeunes adultes dans les années 2000.
Mais son règne a aussi été marqué par de nombreuses polémiques, notamment sur les critères de recrutement des vendeurs et l’image idéalisée d’une jeunesse athlétique et séduisante véhiculée par la marque. Mike Jeffries lui-même avait suscité la controverse en déclarant ne pas vouloir que des personnes en surpoids portent les vêtements Abercrombie.
Abercrombie & Fitch tente de tourner la page
Fragilisé par ces polémiques et des résultats commerciaux en berne, Mike Jeffries avait été contraint à la démission fin 2014. Depuis son départ, Abercrombie & Fitch s’efforce de redorer son blason et de s’adapter aux nouvelles attentes des consommateurs.
Mais les accusations extrêmement graves qui visent aujourd’hui son ancien dirigeant risquent de raviver les plaies du passé. Contactée par la presse, la marque s’est refusée à tout commentaire, rappelant que Mike Jeffries n’était plus lié à l’entreprise depuis plus de 8 ans.
Les investigations et les procédures judiciaires ne font que commencer dans ce dossier explosif qui pourrait avoir de lourdes conséquences. Une chose est sûre, cette affaire a d’ores et déjà jeté une lumière crue sur les dérives et pratiques douteuses qui peuvent avoir cours dans l’univers en apparence glamour de la mode et du luxe.
