Mathieu, un jeune français de 24 ans, a tragiquement mis fin à ses jours en juin dernier, quelques mois seulement après s’être rendu en Turquie pour subir une greffe de barbe. Son père, Jacques Vigier-Latour, a décidé de prendre la parole publiquement pour alerter sur les dangers de ces interventions esthétiques pratiquées par de faux professionnels à l’étranger. Un témoignage poignant qui soulève de nombreuses questions sur l’encadrement de ces procédures de plus en plus prisées.
Un rêve qui vire au cauchemar
Complexé par une barbe qu’il jugeait trop clairsemée, Mathieu avait économisé pendant des mois pour s’offrir cette intervention capillaire en Turquie, où les tarifs sont nettement plus abordables qu’en France. Opéré le 2 mars dans une clinique d’Istanbul, le jeune homme réalise rapidement que quelque chose ne va pas. “Il disait : regardez, vous m’avez enlevé trop de cheveux, vous avez détruit ma vie”, raconte avec émotion son père. Selon lui, son fils souffrait de douleurs et de brûlures permanentes au niveau de la barbe et du cuir chevelu.
Un « chirurgien » qui n’en était pas un
Après l’opération, Mathieu a eu la douloureuse surprise de découvrir que l’homme qui l’avait opéré n’était en réalité pas un véritable chirurgien, mais un simple agent immobilier. Et ce, malgré le fait que la clinique était agréée par le ministère de la Santé turc, comme l’assure Jacques Vigier-Latour. Une information qui met en lumière les failles dans le contrôle de ces établissements.
Des séquelles esthétiques et psychologiques
En plus des souffrances physiques, le jeune homme vivait très mal le résultat inesthétique de sa greffe. Sa nouvelle barbe était mal dessinée, trop régulière et poussait de manière anormale, les poils ayant été mal implantés. Sur certaines zones du crâne où on lui avait prélevé près de 900 bulbes, les cheveux ne repoussaient tout simplement plus. Un résultat catastrophique qui a plongé Mathieu dans une profonde détresse psychologique, jusqu’à commettre l’irréparable le 9 juin dans sa chambre d’étudiant à Paris.
Une pratique en plein essor
Le drame vécu par Mathieu et sa famille met en lumière les dérives d’un business en pleine expansion. De plus en plus de jeunes hommes, complexés par une pilosité jugée insuffisante, se laissent tenter par la promesse d’une barbe fournie à moindre coût dans des cliniques low-cost, notamment en Turquie. Un phénomène inquiétant quand on sait que ce pays est devenu en quelques années la destination phare du tourisme médical capillaire, attirant chaque année des milliers de patients du monde entier avec des tarifs défiant toute concurrence.
On voulait un vrai chirurgien, on nous a envoyé un agent immobilier.
Jacques Vigier-Latour, père de Mathieu
Une réglementation insuffisante
Si la loi turque impose aux établissements de santé d’obtenir une accréditation du ministère pour pratiquer des actes médicaux, force est de constater que les contrôles ne sont pas toujours suffisants pour s’assurer de la qualification réelle des praticiens. Un flou juridique dont profitent de nombreuses cliniques peu scrupuleuses pour s’improviser spécialistes de la greffe capillaire, au mépris de la santé des patients.
Choisir un praticien qualifié, une nécessité
Face à ces dérives, les spécialistes ne cessent d’appeler à la plus grande vigilance. Avant de se lancer dans une telle procédure, il est indispensable de s’assurer de la formation et de l’expérience du chirurgien, en exigeant notamment de voir ses diplômes et des photos de ses réalisations. Se renseigner sur la réputation de l’établissement et consulter les avis d’anciens patients est également un bon moyen d’éviter les mauvaises surprises. Car si une greffe de barbe ou de cheveux réussie peut redonner confiance et changer une vie, une intervention ratée peut aussi virer au drame, comme le prouve la terrible histoire de Mathieu.
Mieux encadrer le tourisme médical
Au-delà du choix du praticien, c’est tout le système du tourisme médical qu’il faudrait repenser pour éviter de nouvelles tragédies. Une meilleure coopération internationale entre les autorités de santé semble indispensable pour garantir la sécurité des patients, où qu’ils choisissent de se faire opérer. En attendant, la mise en garde de Jacques Vigier-Latour résonne comme un appel à la prudence pour tous ceux qui seraient tentés par une intervention capillaire à l’étranger : le prix à payer pourrait être bien plus élevé qu’ils ne l’imaginent.