À l’aube de l’élection présidentielle américaine de 2024, le paysage médiatique est en ébullition. Au cœur de ce tumulte, une annonce fracassante vient de secouer le monde du journalisme politique : le Washington Post, institution de la presse outre-Atlantique, a décidé de ne soutenir aucun candidat pour le scrutin à venir. Une prise de position aussi inhabituelle qu’inattendue.
Le Washington Post Rompt Avec la Tradition
Célèbre pour avoir révélé le scandale du Watergate dans les années 70, le quotidien de la capitale fédérale avait pris l’habitude, depuis 2008, d’apporter son soutien aux candidats démocrates lors des présidentielles. Mais cette année, changement de cap radical. William Lewis, directeur général du journal, a annoncé vendredi que le Post s’abstiendrait de prendre parti, non seulement pour 2024, mais aussi pour les scrutins futurs.
“Nous sommes conscients que cette décision donnera lieu à de nombreuses interprétations, qu’elle sera vue comme un soutien implicite à l’un des candidats, ou au rejet d’un autre, ou comme une fuite devant nos responsabilités. C’est inévitable. Ce n’est pas notre avis.”
– William Lewis, directeur général du Washington Post
Une Campagne Pleine d’Incertitudes
Cette annonce survient alors que la campagne bat son plein, avec comme principaux prétendants la vice-présidente démocrate sortante Kamala Harris et l’ancien président républicain Donald Trump. Les sondages peinent pour l’instant à les départager, laissant planer le doute sur l’issue du scrutin.
Pour justifier ce choix délicat, le dirigeant du Washington Post invoque un “retour aux sources”, soulignant que le journal s’était par exemple abstenu de soutenir un candidat en 1960, lors de l’élection de John F. Kennedy. Selon lui, cette position de neutralité est “en accord avec les valeurs” du quotidien, dont la devise est “La démocratie meurt dans l’obscurité”.
“Notre travail, en tant que quotidien de la capitale du plus important pays du monde, est d’être indépendant. C’est ce que nous sommes et que nous serons toujours.”
– William Lewis
Une Presse Américaine Divisée
Cette position tranche avec celle d’autres grands noms de la presse américaine. Le New York Times a ainsi apporté son soutien à Kamala Harris le 30 septembre, tandis que le New York Post, tabloïd ultra-conservateur, a appelé à voter Donald Trump.
Au Los Angeles Times, c’est le propriétaire lui-même qui a bloqué la décision du comité éditorial de soutenir la candidate démocrate. Des tensions internes qui illustrent un malaise grandissant au sein des rédactions.
Vers un Nouveau Paysage Médiatique ?
Au-delà des prises de position partisanes, cette campagne présidentielle marque surtout un tournant dans les habitudes de consommation de l’information politique. Délaissant les éditoriaux de la presse traditionnelle, les électeurs comme les candidats se tournent désormais vers de nouveaux formats tels que les podcasts ou les réseaux sociaux comme TikTok.
Face à cette révolution des usages, les médias historiques peinent à garder leur influence. La décision du Washington Post, aussi surprenante soit-elle, est peut-être finalement un signe des temps. Celui d’une nécessaire remise en question pour s’adapter à une époque où l’information n’a jamais été aussi abondante, mais aussi complexe à décrypter.
Une chose est sûre : à quelques semaines du scrutin, cette annonce ne manquera pas d’alimenter les débats sur le rôle et l’avenir de la presse dans nos démocraties. Le Washington Post a fait un choix fort, celui de l’indépendance. Reste à savoir si cette stratégie portera ses fruits et inspirera d’autres rédactions. Réponse dans les urnes, le 5 novembre prochain.
