Un procès retentissant vient de s’achever à Belfast, jetant une lumière crue sur les dangers auxquels sont exposés les plus jeunes sur internet. Alexander McCartney, 26 ans, a été condamné à la perpétuité pour avoir poussé au suicide Cimarron Thomas, une fillette américaine de 12 ans. Un drame qui a aussi coûté la vie à son père, Ben Thomas, 18 mois plus tard. Une affaire sordide et tragique qui soulève de nombreuses questions.
Un prédateur d’une rare cruauté
Alexander McCartney était un étudiant en informatique qui utilisait ses compétences pour traquer ses proies en ligne. Selon l’enquête, il se faisait passer pour une adolescente sur des applications comme Snapchat pour entrer en contact avec des fillettes du monde entier et les faire chanter. D’après une source proche du dossier, il aurait fait jusqu’à 3500 victimes, âgées parfois de seulement 4 ans.
Le juge a dénoncé lors du procès le « sadisme » de l’accusé, notant qu’il avait « ignoré de multiples occasions de s’arrêter ». Un responsable de la police nord-irlandaise l’a qualifié de « prédateur d’enfants répugnant ». Il opérait des nuits entières depuis sa chambre pour « satisfaire ses perversions sexuelles ».
Le calvaire de Cimarron et sa famille
Cimarron Thomas, qui vivait en Virginie-Occidentale, s’est suicidée en mai 2018 à l’âge de 12 ans pour échapper au chantage de McCartney. Il lui ordonnait d’impliquer sa petite sœur dans des actes sexuels. Un an et demi plus tard, son père désespéré, Ben Thomas, n’a pas supporté ce drame et a mis fin à ses jours à son tour. Une famille dévastée par la cruauté d’un prédateur sans scrupules.
Il a causé des dommages graves et durables à ce que nous estimons être 3500 victimes et leurs familles.
Eamonn Corrigan, responsable de la police nord-irlandaise
Un procès hors normes
Lors du procès, Alexander McCartney a plaidé coupable pour 185 accusations concernant 70 fillettes, dont l’homicide de Cimarron Thomas. Il devient ainsi la première personne au Royaume-Uni condamnée pour un homicide alors que la victime résidait dans un autre pays. Sa peine de perpétuité est assortie d’une période de sûreté de 20 ans.
Une affaire complexe qui a nécessité une coopération internationale, notamment avec le département de la Sécurité intérieure américain. Les enquêteurs ont réussi à identifier de nombreuses victimes à travers le Royaume-Uni, l’Europe, les États-Unis, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Mais beaucoup d’autres ne seront sans doute jamais retrouvées…
Un drame qui doit faire réagir
Au-delà de l’horreur du cas individuel, cette affaire met en lumière les dangers auxquels sont confrontés les enfants sur internet. Elle soulève des questions sur la responsabilité des réseaux sociaux, l’accompagnement des victimes, la prévention de tels drames. Les parents sont en première ligne mais souvent démunis.
Une meilleure sensibilisation de tous les acteurs semble indispensable : éducation, modération des plateformes, coopération des services enquêteurs… Des initiatives existent, comme les programmes de prévention dans les écoles, mais elles restent insuffisantes face à l’ampleur du problème. Il est urgent d’agir pour mieux protéger les plus vulnérables des prédateurs en ligne.
Les dégâts qu’il a causés sont incommensurables.
Catherine Kierans, responsable des poursuites
Le calvaire vécu par Cimarron et sa famille ne doit pas être vain. Il doit être le déclencheur d’une prise de conscience et d’actions concrètes. Car malheureusement, d’autres prédateurs rôdent sans doute en ce moment-même, prêts à briser d’autres vies. À nous tous d’être vigilants pour éviter de nouveaux drames.